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Sortie sur le terrain avec la brigade de recherches et d'investigations
Quand la BRI fouille dans les poches de la délinquance…
Publié dans La Voix de l'Oranie le 14 - 07 - 2010

La brigade de recherches et d'investigations (BRI), relevant de la police judiciaire, est considérée comme son noyau névralgique. La nature de la mission confiée aux éléments de cette brigade est extrêmement difficile et sensible et exposes ses exécutants à des risques majeurs. En effet, les éléments de cette brigade constituent l'outil principal de l'application de la loi. Ils sont là pour exécuter les mandats de perquisition, traquer les criminels et soutenir l'ensemble des organismes de la police dans les différentes opérations d'intervention sur le terrain, allant de l'ordre public jusqu'à l'encadrement sécuritaire du relogement des familles, en passant par les interventions antiémeute.
Discipline, organisation et exécution exemplaire
Il était 9h30 lorsque nous avons été reçus par le chef de service de la communication et de l'information et son assistante, à la direction de la Sûreté de wilaya. Evidemment, l'objectif de ce rendez-vous matinal était la préparation du reportage sur le terrain que nous avons programmé, depuis quelques jours, avec les services concernés. En choisissant ce reportage, notre objectif était de découvrir l'univers du risque et de la passion que vivent et partagent quotidiennement les éléments de la BRI.
Sur place, et avant de prendre le départ pour la réalisation de ce reportage, nous avons eu l'occasion de rencontrer les principaux cadres du service de la police judiciaire dont son chef par intérim, en l'occurrence l'officier «K».
Pendant que nous nous trouvions en compagnie des éléments et cadres de la police judiciaire dont les bureaux se trouvent au première étage, nous avons été impressionnés voire même très touchés par le contexte de fraternité qui y régnait.
Pendant notre présence au siège de la BRI, et quelques minutes avant le commencement de l'opération, nous avons su que les éléments que nous allions accompagner pour notre reportage ignoraient le lieu et la destination de la mission qu'ils allaient exécuter.
Selon le chef de l'opération, ceci constitue une mesure basique pour notre travail «Le lieu de l'exécution de chaque mission demeure inconnu, jusqu'à la dernière minute » nous dit-il. Tout de suite après, les appels sont lancés, via les radios talkie-walkie, afin de localiser tous les éléments intervenant dans l'opération et les inviter à se rassembler dans la courette du siège de la Sûreté de wilaya.
Bonnes conditions physiques et bonne préparation psychologique
Quelques minutes après avoir été contactés, les éléments de la BRI se sont rassemblés dans la courette pour se diviser en deux groupes.
Le premier groupe était constitué des éléments en tenue officielle, et l'autre comptait les intervenants en civil.
Concernant ces derniers, notre interlocuteur précisera que l'essentiel du travail se base sur l'apport de ces éléments en civil. «Une grande part de la réussite de nos missions dépend de nos éléments civils. Le fait qu'ils ne soient pas identifiés par les cibles de nos missions facilite, en grande partie, les chances de réussite de nos interventions» nous explique-t-on.
Au courant de la réunion, le chef de la brigade a donné des orientations claires et précises.
«Bon traitement des individus arrêtés et surtout pas de violence !» recommandera notre interlocuteur.
Le générique principal de notre mission, objet du reportage, est l'accompagnement de cette brigade dans les patrouilles qu'elle va effectuer dans les quartiers et les lieux les plus chauds de la ville et qui constituent des foyers de commercialisation de la drogue. C'est ainsi que nous avons rejoint l'équipe, chef de cette mission, à bord d'un véhicule de type 4x4 qui était à son tour escorté par deux autres véhicules. Notre première destination est le quartier El Derb, dans le centre-ville d'Oran, et le point de départ est la station de taxis desservant la corniche oranaise.
Dès notre arrivée à la Place d'armes, les visages des dizaines de personnes ont changé de couleur. A l'entrée du quartier El Derb, des individus suspects et douteux commençaient à se révéler, via la panique qui s'affichait sur leur visage. L'expérience riche et avérée de certains des éléments de la brigade leur permet d'identifier facilement, et à première vue, les sujets suspects. Sur place, trois individus ont été arrêtés et fouillés par les éléments en tenue civile qui ont été renforcés par leurs collègues en tenue officielle. Il y a lieu de souligner que la plupart des personnes fouillées par les éléments de la BRI n'avaient pas de pièces d'identité sur elles. Conséquence, obligation de les conduire toutes au siège de la Sûreté de wilaya afin de les soumettre à des contrôles approfondis. Selon le chef de la brigade, il s'agit-là de mesures routinières utilisées dans les vérifications des identités.
Pendant notre présence dans les ruelles de ce quartier, nous avons entendu des cris et des sifflets intenses dont on ignorait la provenance.
Selon le chef de la brigade, il s'agissait de signaux d'avertissement envoyés par certaines femmes proches des sujets recherchés. D'ailleurs, quelques femmes sont carrément sorties dans la rue pour avertir directement leurs proches. De tels aléas poussent les éléments de la brigade à agir rapidement, même si les ruelles et les différents accès du quartier se sont dépeuplés en un laps de temps. Aux environs de 10h40, les éléments de la brigade ont investi la ruelle qui abrite le marché d'El Derb où plusieurs individus ont été fouillés. Sur place, les éléments de la BRI ont remarqué qu'en arrivant sur les lieux, un individu qui se trouvait dans les toilettes du café du coin est sorti en courant, ce qui a suscité le soupçon des inspecteurs dont l'un d'entre eux a fouillé ces latrines. Sans grande surprise, l'inspecteur tombera sur une arme blanche de type «Bouchia» et une autre pièce de type «Boussabâa».
Ces deux armes prohibées ont été cachées dans le trou d'aération des toilettes et qui, de surcroît, était fermé afin de tromper les policiers.
Mais dans de telles circonstances, souvent, l'expérience des enquêteurs déjoue les plans de ce genre de criminels. Ainsi, le présumé détenteur de cette arme a été arrêté, lui et d'autres suspects, et tous seront conduits au siège de la 7è Sûreté urbaine de la wilaya à Sidi El Houari. Une fois à bord du véhicule, les éléments de la BRI nous ont fait partager certaines de leurs aventures vécues, en accomplissant leur devoir national.
Le devoir passe avant tout
En arrivant au siège de la 7è Sûreté urbaine, l'officier de police judiciaire nous a fait savoir que la BRI était le pilier de leur travail et de leur intervention, notamment dans les missions à haut risque. L'apport de la BRI est plus que vital dans certains cas.
Au moment où les personnes arrêtées étaient soumises à la vérification d'identité, l'officier de police recevra une communication via le talkie-walkie. L'objet de cette communication est un ordre pour l'exécution d'une deuxième mission, portant la saisie d'une importante quantité de CD en ville nouvelle. Du coup, tous les éléments de la brigade ont été appelés à se rendre sur les lieux. Le boulevard Zabana est le point de rencontre. Les éléments de la BRI en tenue civile et leurs collègues en uniforme investiront le marché informel et procéderont à la saisie de tous les CD qui étaient exposés, illégalement, à la vente.
Deux personnes ont été, cependant, arrêtées. La plus importante saisie a été opérée par le chef de la brigade qui a réussi à mettre la main sur sept grands cartons chargés de CD piratés, un total de 500 unités. Ces cartons étaient en possession d'une personne qui était debout devant l'entrée principale d'un immeuble et qui affichait une mine plutôt anormale.
Cette attitude a suscité une réaction rapide des éléments de la BRI qui se sont dirigés vers l'immeuble, mais avant qu'ils n'arrivent l'individu abandonnera ses cartons et prendra la fuite. Les CD saisis ont été remis aux services de l'Office national des droits d'auteurs, conformément à la réglementation en vigueur. Aux environs de 13h00, les éléments de la BRI regagneront leurs bureaux afin de prendre quelques minutes de repos avant de reprendre leur programme d'intervention. Ainsi, vers 14h30, l'équipe de la BRI prendra le départ vers le jardin public, cette fois.
Lorsqu'un jardin devient un lieu d'agressions et le policier, assistant social
Les éléments de la BRI se sont rassemblés de nouveau dans la courette du siège de la Sûreté de wilaya afin de préparer la deuxième mission qui devait avoir lieu au Jardin public.
Une destination révélée par l'officier appelé « K » qui a souligné que ce lieu enregistrait de nombreuses agressions dont souvent les familles étaient victimes. En arrivant sur les lieux, les éléments de la BRI interpelleront deux individus suspects.
Après les avoir soumis à une enquête préliminaire, les enquêteurs trouveront en leur possession une arme blanche. Il s'avérera que ces individus étaient originaires d'une autre wilaya. La vérification d'identité a touché un nombre important de personnes qui se trouvaient à l'intérieur du jardin public, pendant la descente. Une bonne partie sera conduite au siège de la 5è Sûreté urbaine, sise dans le quartier El Hamri. Pendant notre présence sur les lieux, les éléments de la BRI sont tombés sur un individu assis dans un coin isolé du jardin et qui se trouvait dans un état de précarité et de vagabondage. Le corps de cet individu portait des bleus et des cicatrices de blessures, ce qui a poussé les enquêteurs à vouloir en savoir plus sur l'origine de ces bleus et ces cicatrices. Selon notre interlocuteur, cela était dû à une chute. Les éléments de la BRI ont sensibilisé cet individu sur l'ampleur du danger auquel il était exposé. «Vous ferez mieux de rentrer chez-vous» lui dit l'un des enquêteurs. Nous avons remarqué aussi que ce jardin était fréquenté par de nombreux adolescents qui choisissaient des coins plutôt discrets et isolés pour apprécier leur moment de détente. Mais il se trouve que ces endroits étaient dangereux pour eux et pouvaient les exposer à des risques d'agressions.
Un risque omniprésent et une vie menacée en permanence
Pendant les différentes descentes, un individu qui portait une valise a été arrêté par l'officier de la brigade. En procédant à la fouille de la valise, l'officier s'est blessé le doigt. Et pour cause, la valise contenait une lame assez tranchante. La blessure de l'officier était plus grave qu'il ne le pensait, ce qui a nécessité sa prise en charge en urgence. Après avoir arrêté l'hémorragie, l'officier a été emmené à la clinique médicale d'El Ghoualem. Malheureusement, cette clinique n'était pas dotée d'un vaccin antitétanique et il fallait l'acheter sur-le-champ. L'officier victime de cette blessure a affirmé que ce genre d'accident faisait partie des risques du métier. Plus grave encore, l'on apprendra que la victime s'est fracturée le bassin, il y a quelque temps, alors qu'elle tentait d'arrêter une personne recherchée par la justice à Sidi El Houari.
Notre interlocuteur fera savoir qu'ils sont souvent exposés à des risques beaucoup plus graves, mais ceci fait partie de leur vie.. Aux environs de 17h30, les éléments de la BRI ont regagné le siège principal de la Sûreté. Probablement, leur mission s'est achevée pour cette journée mais pour quelques heures seulement, car c'est une dure journée qui les attend le lendemain. Ils doivent encadrer les opérations de relogement des familles habitant le vieux bâti. Et ce n'est pas une mince affaire !


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