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Sur les traces de la civilisation hispano-musulmane
Al Andalus, voyages dans la mémoire *
Publié dans La Voix de l'Oranie le 25 - 07 - 2010

Trois amis de confessions différentes, Mohamed, musulman, Jésus, chrétien et David, juif, se proposent d'entreprendre un périple à travers les terres millénaires d'Al Andalus en Espagne. Un voyage dans la mémoire qui leur permettra de connaître (de se re-connaître) par le biais d'itinéraires, les lieux symboliques de l'Espagne musulmane. Un hymne à la tolérance, au respect d'autrui et au métissage des cultures.
David fait remarquer, à juste titre, qu'il n'a encore vu aucun vestige révélant la lointaine présence de musulmans dans cette ville. En fait il n'a pas tort et Mohamed propose d'aller vers le centre ville où se trouve « la puerta del Mar », appartenant aux anciens remparts, aujourd'hui située dans le centre urbain, connue sous le nom de « Patio del Corral » et qui reste l'un des rares vestiges musulmans dans la ville d'Algesiras qui n'en a pas moins un passé almohade puisqu'en 1146, Abu Imran débarque à Tarifa, s'empare de la ville puis de dirige sur Algesiras qui lui est remise par ses habitants. Cependant le wali almoravide Yahya ibn Ghaniya avec le soutien d'Alphonse VII, réussit à s'emparer de nouveau d'Algesiras, mais pour peu de temps car, très vite, les almohades les expulsèrent de la ville. Ces derniers, à l'égal de leurs prédécesseurs maghrébins, convertirent Algesiras en l'une des principales villes d'al Andalus. Conquise par Alphonse XI en 1344, elle est de nouveau récupérée par les nasrides en 1369. Mohamed explique à ses compagnons qu'il n'est pas étonnant que ce lieu ne conserve rien de son ancienne physionomie car les nasrides, afin d'empêcher de nouvelles incursions, colmatèrent le port, détruisirent les murailles et évacuèrent complètement la population. Et ce fut seulement au XVIIIº siècle, après l'établissement des anglais à Gibraltar, que la ville fut reconstruite.
- Donc notre présence ici, à Algesiras, est surtout symbolique, observe Jesús.
Il se dirige vers Mohamed et lui dit dans un ton mi-sérieux, mi-ironique.
- Et pour toi, bédouin venu des lointaines terres barbaresques, ça doit l'être encore plus, étant donné que c'est à partir de ces terres qu'a eu lieu l'une des aventures, pour ne plus dire l'une des conquêtes, les plus incroyables de l'histoire de l'humanité.
- Lorsqu'on y pense, c'est vrai qu'en 711, tout juste un siècle s'était déroulé depuis la « hidjra » du Prophète Muhammad de la Mecque en 632, ère de l'hégire, vers Medine. Et les « futuhat al islamiyya » ont fait arriver assez vite les musulmans aux portes de l'occident, une aventure qui a conduit nos ancêtres, en même pas une centaine d'années, à gouverner presque le monde entier.
Et se trouver sur le sol que Tariq ibn Ziyad avait foulé pour la première fois ayant franchi le Détroit, était assez émouvant.
A suivre…
* Paru aux Editions B.M.L., Oran


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