La troisième soirée du Festival de la musique et de la chanson oranaise, samedi, à laquelle un nombreux public a assisté, s'est clôturée en apothéose tout en semant de la confusion et de la gêne chez les membres de la commission du festival, visiblement offusqués par les manifestations de liesse, sans provoquer pour autant de débordement, durant le tour de chant de Cheb Abbès. La vedette de la soirée a marqué fortement sa présence. Après avoir interprété avec brio une chanson référence du répertoire oranais : « Wahran, Wahran », le célèbre hymne qu'Ahmed Wahby avait dédié à la ville qui l'a adopté, et forcé l'admiration du public, l Cheb Abbès devait enchaîner en puisant dans son répertoire raï trois célèbres tubes « Semmitek Omri », « Des fois tesrali » et « Ketrou Hmoumi » qui provoqueront aussitôt un effet ravageur. Le public s'enflammera aussitôt et se laissera aller au défoulement par la danse et en reprenant en chœur les refrains. Le Festival basculait en plein dans le raï. Les consignes données aux artistes pour circonscrire leur tour de chant dans le strict registre de la chanson oranaise n'auront pas réussi à contenir le besoin des artistes à créer l'osmose en répondant favorablement à l'irrésistible demande du jeune public qui, sans renier la pure chanson oranaise dans laquelle il se reconnaît profondément, réclamait des rythmes propices au défoulement et auxquels il s'identifie totalement. Cheb Abbès venait de donner la preuve irréfragable qu'Oran entendait demeurer la capitale mondiale du raï et, il est un fait connu, que c'est à partir de cette scène qu'a fusé la déferlante qui portera les rythmes de Shab el baroud jusqu'aux coins les plus reculés de la planète. Le gala de la soirée devait présenter un programme court mais très diversifié avec une pléiade de quatre chanteurs professionnels, la production de jeunes concurrents, des intermèdes humoristiques et de la poésie populaire. Ouvrant le gala, le chanteur Houari Bachir interprétera une reprise de « Ya Hamam » de Blaoui Houari ainsiet qu'une chanson de son registre personnel « Matlouminich ya mraa » avant de céder la place aux humoristes Fatima et Omar Bencherab, qui a montré de grandes aptitudes dans l'imitation. Dans un duo avec sa compagne Assia de la formation Othmania, le jeune concurrent Fouad Belhocine, affrontera le jury, sous la présidence du musicien Kouider Bouziane, avec « Ouahran nebghik ». Keskes Houari, qui se propose de perpétuer l'héritage de Cheikh Fethi, fera grande impression par son aisance vocale en gratifiant le public de la belle chanson « Louken tezyane el oukouba », créée par Blaoui Houari et reprise par de nombreux interprètes et la célèbre « Rani M'hayer ». Lui succédant Souad ne réussira pas à avoir le même succès en reprenant « Louken tezyane eloukouba » ou en expédiant la fameuse chanson « Nebghbik, nebghik » de M'hamed Benzerga. Le poète Mekki Nouna et l'humoriste Omar Bencherab se relayeront pour présenter, l'un, trois qaçidates et l'autre, une histoire drôle pour égayer le public avant de céder la place à la vedette de la soirée, Cheb Abbès, et ses airs connus qui créeront une ambiance survoltée.