«L'Algérie et les autres pays arabes présentent un état des lieux plutôt déplorable en matière de droits et de libertés», a relevé le rapport annuel de l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme (OPDDH) publié lundi. Ce programme conjoint de la Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme (FIDH) et de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), qui accompagne, suit, et protège tout au long de l'année les défenseurs, a consacre un long chapitre à l'Algérie. Ce texte de 567 pages recense de façon quasi exhaustive les atteintes aux droits de l'Homme recensées durant l'année 2009. Au chapitre de la liberté d'expression, l'OMCT relève que «les lois répressives sur la presse, la dépendance des journaux vis-à-vis des revenus de la publicité du secteur public et d'autres facteurs limitent leur liberté de critiquer le gouvernement, l'armée et l'élite politique et économique». Il en est de même pour les lois sur la presse qui «prévoient notamment des peines de prison assorties d'amendes pour diffamation et pour insultes aux représentants du gouvernement et aux institutions de l'Etat». La loi sur les règles particulières de prévention et de lutte contre les infractions liées aux technologies de l'information et de la communication, parmi lesquelles la communication électronique à des fins préventives, qui permet la surveillance des communications électroniques pour cybercriminalité, n'a pas été en reste. Le rapport stigmate, en effet, les dispositions très générales qui laissent craindre l'utilisation de cette loi pour surveiller et réprimer des activités de défense des droits de l'Homme. A propos de la liberté d'association, le rapport note que «les autorités algériennes ont continué d'empêcher les organisations de défense des droits de l'homme d'obtenir une reconnaissance légale. Le régime déclaratif prévu par la loi se transforme ainsi dans la pratique en régime d'autorisation préalable», note-t-on. «L'interdiction fréquente de la tenue de réunions portant sur des questions de droits de l'Homme, violant ainsi l'article 19 de la Constitution, qui garantit la liberté de réunion pacifique» est l'autre grief retenu. La tenue d'un colloque portant sur "la mémoire des victimes pour la reconstruction d'une société" et celle d'un séminaire de formation pour les journalistes portant sur «le rôle du journaliste dans la protection des droits de l'homme» sont citées comme exemple illustratif. «En 2009, la liberté syndicale est soumise à de fortes pressions» soutient le même document qui fait référence à «plusieurs rassemblements pacifiques dispersés, parfois de façon brutale, par les forces de l'ordre et les manifestants ont fait l'objet de poursuites judiciaires». Le rapport s'est fourvoyé, cependant, en relevant que tout débat critique sur la décennie rouge qui a ensanglanté l'Algérie, dans les années 1990, reste interdit de même qu'il verse dans la désinformation en écrivant que les autorités algériennes refusent de faire un travail de justice et de mémoire sur les événements de ce conflit.