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Moussa Mediène, gérant de La Galerie Espace Lotus, à la VO
«Des acquisitions d'œuvres d'art se font en dehors des circuits normaux»
Publié dans La Voix de l'Oranie le 26 - 09 - 2010

Depuis son inauguration, il y a à peine quelques mois, la galerie Espace Lotus a su gagner rapidement en notoriété et un considérable capital en crédibilité auprès des artistes. Domiciliée d'abord au centre ville à la rue Ho Chi Minh, la galerie est allée s'installer, depuis janvier 2010, à la rue Capitaine Abdelkader Chellali dans le quartier de Miramar, où, au gré des manifestations qu'elle organise, s'affirme en véritable pôle de rayonnement artistique et culturel. Le maître de céans, Moussa Médiène, ancien journaliste converti dans le milieu de l'art -dans lequel il a toujours baigné- a bien voulu nous parler sans ambages de son nouveau et exaltant métier.
La voix de l'Oranie: Depuis l'ouverture de la galerie Espace Lotus, les expositions semblent se succéder à un rythme soutenu. Le secret de cette constance?
Moussa Mediène: Effectivement. Le 8 octobre 2010, la galerie bouclera une année d'activités et depuis son ouverture marquée par l'exposition de peinture collective qui rassemblait les peintres Hioun, Benbella, Mohamed Bahloul, Belkhorissat, Belmekki et Chender, entre autres, on a derrière nous une dizaine d'autres expositions collectives avec des peintres de Mosta, Oran, Sidi Bel-Abbès, Maghnia, Alger… On a depuis changé d'adresse compte tenu de l'état de dégradation de l'ancien local.
- L'Espace Lotus se distingue d'autres galeries d'art par la richesse de sa collection…
- Oui, on a une trentaine de peintres, dont une dizaine de femmes. On a déjà organisé douze vernissages. La collection comprend les peintres de Maghnia auxquels on compte consacrer un vernissage avant la fin de l'année 2010. On pense également faire une rétrospective de la peinture de Abdelkader Belkhorissat et ramener l'exposition de Salah Hioun qui doit se tenir à Alger. La collection de la galerie est de 70 à 80 toiles en plus des sculptures de Kouider Medjahed qui travaille sur l'orme et dont toutes les oeuvres sont dédiées à la femme. On jouit d'un grand capital confiance auprès des artistes. Lors de l'ouverture de la galerie, tous les artistes ont convergé spontanément pour déposer leurs œuvres sans aucun préalable et demandé à faire des expositions. Il y aussi la partie livres qui n'est pas très riche actuellement mais on doit incessamment ramener tous les ouvrages qui ont été édités par le ministère sur les grands peintres algériens, notamment Issiakhem, Hioun, Oulhaci, etc.
- Pourquoi avoir baptisé votre galerie Espace Lotus ?
- L'Espace Lotus a été domicilié une première fois au centre ville, précisément à la Rue Ho Chi Minh. Le nom a été choisi en hommage à ce grand révolutionnaire que j'admire et dont le lotus était la fleur préférée. C'est en quelque sorte un coucou à nos amis vietnamiens.
- Après votre long parcours professionnel dans la presse, comment vous est venue l'idée d'ouvrir une galerie d'art?
- La peinture, c'était une vocation cachée. Il ne faut pas oublier que j'ai toujours baigné dans le milieu du livre est des arts. Dans le passé, avant d'entamer ma carrière de journaliste à l'APS, où j'ai passé vingt cinq années, j'avais tenu la librairie de famille, ex-Monaco, que tous les anciens oranais connaissent pour avoir été le lieu de rencontre incontournable des artistes et des hommes de lettres en vadrouille à Oran. J'ai travaillé également à la SNED puis comme documentaliste à La République. Et puis il faut dire qu'Oran avait besoin d'une galerie d'art. C'est la seule galerie dans la ville. C'était un défi pour moi. Il fallait apporter des couleurs à Oran parce qu'Oran manque de couleurs, notamment après la disparition d'éminentes figures, telles que Alloula, Baba Ahmed Rachid, les journalistes assassinés, Fardeheb, Bakhti, et tant d'autres. L'Espace Lotus est devenu un espace de rencontre, d'expression et d'échanges.
- L'Espace Lotus a consacré maintes expositions à des peintres de grande notoriété. Quel est l'intérêt accordé à la promotion des jeunes talents?
- Des jeunes talents ont eu aussi l'occasion d'exposer, à l'instar de Djouder, Bendima et la porte est toujours ouverte. On dispose d'une dizaine de toiles de Bencherif qui vient d'exposer récemment à Béthune. La moyenne d'âge des exposants est d'environ 35 ans.
- Un mot sur le public et sur vos clients…
- Le public est très assidu et paradoxalement composé en majorité de femmes. Quant aux clients, se sont généralement des collectionneurs qui se comptent parmi des avocats, des médecins, des industriels...
- Pas d'institutions locales, culturelles ou autres?
- Non, aucune institution ne nous a rendu visite, pas même un élu malgré les efforts d'invitation. A la limite on n'a pas à les inviter, c'est un lieu qui appartient à Oran. Les responsables de la culture locaux n'ont jamais mis les pieds à la galerie Espace Lotus. Notre seule satisfaction, c'est l'appui de la presse régionale ou nationale qui nous donne un sacré coup de main en médiatisant chaque événement qu'on organise.
- Est-ce que la galerie d'art parvient à vous faire vivre?
- On peut vivre d'une galerie en fonction de ce que l'on y vend. Actuellement, c'est le temps des vaches maigres. C'est effarant parce qu'il existe des réseaux parallèles, l'informel. Des acquisitions d'œuvres d'art se font en dehors des circuits normaux. C'est comme ça que des oeuvres de Baya et Issiakhem sont partis sous d'autres cieux par des moyens détournés. Il n'y a pas de traçabilité. On fait ce que l'on peut et c'est vraiment malheureux parce que l'expression picturale en Algérie existe. La preuve est là: on a des peintres de Mosta, Oran, Alger, Maghnia, Sidi Bel-Abbès, Batna, Tizi-Ouzou… Il faut dire aussi que nous on entend s'installer dans la durée.
- Un commentaire sur les projets de galerie d'art et de musée d'art moderne pour Oran, dont l'un est en cours de réalisation, en lieu et place de l'ex-Prisunic, l'autre devant être installé dans le bâtiment des Galeries Algériennes?
- Ces deux projets, c'est une idée formidable. C'est une bonne idée pour Oran, on ne peut que s'en féliciter. Le problème est de mettre dans ces structures culturelles des compétences. Là aussi va se poser le problème d'acquisition d'œuvres. De quelle manière vont s'effectuer ces acquisitions? Il faut créer rapidement une commission d'achat et que les acquisitions se fassent dès maintenant.


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