Après la très médiatisée tentative de brûler des exemplaires du Saint Coran par un obscur pasteur américain, le jour anniversaire des attentats du 11 Septembre, à New York, l'offensive menée contre la construction sur un terrain privé d'un centre culturel islamique à Ground Zero, le souillage et l'incendie d'exemplaires du livre sacré par un groupe de Britanniques et l'interdiction et du port de voile en France, en Belgique et en Hollande, et l'interdiction de construction de minarets inoffensifs en Suisse, la communauté musulmane en France en train d'assister à une très dangereuse escalade d'une campagne contre l'Islam et ses symboles en France. Les faits ont eu lieu, cette fois-ci, à Strasbourg où les attaques racistes se multiplient depuis quelques mois contre la communauté musulmane. Cette même ville dans laquelle 37 tombes ont été vandalisées, il y a une semaine, dans deux carrés musulmans dans un cimetière au sud de la ville. Siège du parlement européen, le choix de cette ville pour être le théâtre de pareils actes est significatif et met en relief la contradiction du discours officiel européen qui prône le dialogue et la rue qui fait pour provoquer ce choc des cultures qui est une réalité. Condamnables, car donnant l'occasion et des groupes de recourir à des actes réciproques, les officiels français et européens se garderont bien de qualifier de terroristes, ces comportements commis par des personnes ayant des valeurs appartenant à «une civilisation chrétienne supérieure à l'Islam» comme l'avait déclaré le chef de gouvernement italien Silvio Berlusconi, en 2001. Pour illustrer sa haine de l'Islam, un vidéaste a monté un film amateur de près d'une heure, où l'on voit un homme arborant un masque de diable, découpe d'abord une page du Saint Coran pour en faire un avion qu'il lance sur deux verres censés représenter les tours jumelles du World Trade Center. Puis il enflamme cette page à l'aide d'alcool à brûler, avant de mettre le Livre entier au feu dans une bassine et d'uriner dessus pour éteindre le feu. L'homme, âgé de 30 ans et domicilié à Bisheim, une ville de l'agglomération strasbourgeoise, a été interpellé et entendu par la police, a indiqué le parquet de Strasbourg. Ce geste hautement injurieux a déclenché une cascade de réactions. Selon le délégué général de la Grande Mosquée de Strasbourg, Abdelaziz Choukri, cité par un confrère, le Courrier d'Algérie, les autorités religieuses musulmanes de France vont porter plainte pour «incitation à la haine raciale». Dans sa quête d'apaiser la situation, le maire de Strasbourg, Roland Ries, a lancé un appel pour un «front républicain du refus de l'inacceptable» après la multiplication d'actes racistes dans cette agglomération, à commencer par des tags antiminarets sur sa propre maison. «Ces actes visent à déchirer la paix sociale et républicaine de Strasbourg et de son agglomération», a-t-il déclaré dans une conférence de presse. «Très indigné», le Conseil français du culte musulman (CFCM), a qualifié le «geste ignoble et honteux», ajoutant que «cet acte abject et inqualifiable constitue un véritable délit d'incitation à la haine, à l'intolérance et à la division et un mépris total pour les valeurs de la République». Le CFCM appelle les pouvoirs publics à prendre «toutes les mesures nécessaires contre l'auteur ou les auteurs de cette provocation lourde de conséquence». Par ailleurs, le Conseil affirme, également, avoir reçu récemment, des lettres d'insultes contenant des photos du Saint Coran profané. Au vu de l'escalade constante et graduelle dans la haine et les provocations, il est douteux que les appels à la sagesse et à la tolérance seront entendus. Pis, ils risquent d'exciter davantage les auteurs de ces actes barbares et de les inciter à commettre des actes terroristes.