Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia accuse les investisseurs étrangers d'ignorer les lois et «servir des intérêts des lobbies étrangers». Le chef de l'exécutif a déclaré lors de la présentation de la déclaration de politique générale du gouvernement devant l'APN, que l'Algérie n'avait pas "prioritairement" besoin de capitaux étrangers mais plutôt de savoir-faire, de technologie, et de management pour moderniser son économie, mais elle est cruellement en manque de savoir-faire, de technologie, de management moderne et de partenaires à même d'ouvrir demain d'autres marchés à des productions en association". Le Premier ministre a, également, appelé les partenaires étrangers et particulièrement les pays frères et les entreprises activant sur le marché algérien à contribuer au développement de l'Algérie et à la modernisation de son économie. Il a fait allusion à la société Djezzy, soulignant à ce sujet que «certains investisseurs étrangers, qui ont prospéré sur le marché local, ont d'abord été guidés par le gain spéculatif, quitte à ignorer les autorités et la souveraineté de ce pays, ou à tenter d'en violer les lois impunément» et que la croissance économique n'est pas dans l'économie des services si ces derniers n'ont pas de plus-value réelle pour le pays». Les critiques émises par les opérateurs économiques étrangers et nationaux sur les mesures relatives à l'investissement introduites dans la loi de finances complémentaire pour 2009 et reconduites par la loi de finances 2010 sont qualifiées d'alarmistes par M. Ahmed Ouyahia. C'est aussi la première fois que le Premier ministre s'exprime sur cette question sensible. Le gouvernement, d'après lui, n'a pas l'intention de priver l'Algérie de l'apport des investissements étrangers. «Les chiffres de la Banque d'Algérie, institution responsable du suivi des mouvements transfrontaliers des capitaux, confirment que les investissements étrangers hors hydrocarbures n'étaient pas là substantiellement, avant les mesures prises par le gouvernement», a-t-il indiqué. Il a cité des données de ces investissements depuis 2000 jusqu'à 2008. Ainsi, la valeur de ces investissements était de 21 millions de dollars (Mds), en 2000, 434,5 Mds en 2005, 928,4 Mds en 2006 et 1,48 milliard de dollars en 2008. «L'année 2009, qui a vu la mise en œuvre des nouvelles dispositions applicables aux investissements étrangers, n'a pas vu un recul des apports étrangers hors hydrocarbures qui ont atteint 1,6 milliard de dollars», a insisté Ahmed Ouyahia. Il a rappelé que le Conseil national de l'investissement (CNI) a octroyé des avantages (exonérations fiscales) à des promoteurs de projets d'une valeur globale de 11,1 milliards de dollars. «L'obligation pour l'investisseur étranger de s'associer avec des capitaux algériens tout en gardant la gestion de la réalisation n'est pas une ‘spécificité' algérienne. C'est une règle en vigueur dans de nombreux pays, y compris émergents. «Quel drame y avait-t-il à procéder à quelques ajustements de notre démarche d'économie de marché, dès lors que ce redressement n'est pas synonyme de rupture avec l'efficacité et la compétitivité économiques?», s'est-il interrogé, avant de poursuivre «quel est ce dogme qui, au nom de la liberté d'entreprendre, devait nous empêcher d'introduire des correctifs appropriés à la lumière des constats, des expériences et des circonstances, au moment même où la crise économique mondiale a réhabilité ailleurs le rôle économique de l'Etat, et surtout remis en cause le primat de la libre spéculation sur l'économie productive?» Selon M. Ouyahia, l'Algérie, qui faisait l'objet «d'un embargo international non déclaré», a concédé de larges libertés aux investisseurs étrangers. Aussi, a-t-elle le droit, d'après lui, de reprendre la majorité dans les investissements extérieurs chez elle (la règle de 51/49). «Ce même principe prévaut dans d'attrayantes destinations de l'investissement étranger, au Moyen-Orient et en Asie», a-t-il noté. Revenant brièvement sur la privatisation des entreprises publiques, il a accusé certains partenaires étrangers de vouloir confiner l'économie algérienne au rang de simple marché par leur refus de reprendre ces unités industrielles. Cela étant, le Premier ministre a qualifié les critiques d'alarmistes faisant croire que le gouvernement risque de priver l'Algérie de l'apport des investissements étrangers».