«Je vous connais», dit la présidente de l'audience du tribunal criminel de la cour d'Oran à l'intention du mis en cause, assis dans le box des accusés. «Je vous ai déjà jugé pour les mêmes griefs. Avancez donc!», lui lance-t-elle. Surpris, face à la perspicacité de la magistrate, Z.A., âgée de 49 ans, devant répondre du grief de kidnapping et attentat à la pudeur sur mineur de moins de quinze ans, se dirige vers la barre. «Vous avez déjà été condamné pour le même chef d'inculpation à quinze ans de réclusion», lui dit encore la présidente. Là, il acquiesce et se lance dans de vaines explications. Le mis en cause essaie en effet par tous les moyens de se décharger des faits, mais que peut-il devant les preuves qui l'accablent? Mai 2005. Un adolescent d'à peine quinze ans disparaît à Kouchet El Djir. Une semaine plus tard, le père de l'enfant entend frapper à la porte. C'était son fils, dans un état lamentable. Il devine alors le reste et saisit les services de police qui ouvrirent une enquête. Le légiste qui ausculte l'adolescent décèle des traces de violences sexuelles et une déchirure anale. La victime fait ensuite le récit de sa mésaventure qui vous glace le sang. «J'ai été apostrophé par le mis en cause, explique-t-il aux enquêteurs, qui m'a appliqué un linge sur la bouche. Par la suite, je me suis retrouvé dans une pièce, sans vêtements. Sur le mur, il y avait des chaînes en fer. Durant toute la semaine, j'ai été drogué et ai subi les pires sévices sexuels. Il me forçait aussi à voir des films de scènes de pédophilie.» L'enquête déclenchée devait conclure que cet adolescent n'était pas le seul à tomber entre les griffes de ce dangereux pédophile. Plusieurs personnes l'identifieront. Jugé par contumace une première fois, Z.A. a été condamné à vingt ans de réclusion puis à quinze ans de réclusion après son arrestation. Mais à la barre, le prévenu, un célibataire, a nié hier les faits soutenant que l'affaire est inventée de toutes pièces. «Votre honneur, je suis sous traitement et l'histoire a été inventée par les jeunes de mon quartier qui me réclamaient mes psychotropes.» c'était compter sans les preuves tangibles présentées comme la découverte de la caméra dans sa chambre. Hier, le représentant du ministère public a requis la perpétuité et la défense a mis en avant le traumatisme crânien dont il a été victime son mandant lors d'un accident de la circulation, pour soutenir que Z.A. a besoin d'une prise en charge médicale. Aux termes des délibérations, il a été condamné à douze ans de réclusion.