Trois amis de confessions différentes, Mohamed, musulman, Jésus, chrétien et David, juif, se proposent d'entreprendre un périple à travers les terres millénaires d'Al Andalus en Espagne. Un voyage dans la mémoire qui leur permettra de connaître (de se re-connaître) par le biais d'itinéraires, les lieux symboliques de l'Espagne musulmane. Un hymne à la tolérance, au respect d'autrui et au métissage des cultures. Les bains arabes de Jaén constituent l'un des meilleurs ensembles d´al-andalus encore conservés. Nos trois voyageurs accompagnés de leur nouveau compagnon y pénètrent. Le public est nombreux. Au dire des spécialistes, ils furent construits au cours du XI-XIIº siécle ; ils se maintinrent intacts sauf au XIVº et au XVº siècle lorsque des tanneries y furent installées. A la fin du XVIº siècle, le comte de Villardompardo y construisit son palais dessus, les abîmant et les enfouissant jusqu´à ce que, en 1913, Emilio Romero de Torres les découvrit. On y accède par un vestibule d´entrée, al-bayt al-maslay, puis vient une salle froide, al-bayt al-barid, couverte d´une voûte en demi-berceau étoilée de douze petites lucarnes ; ensuite la salle tiède, al-bayt al-wastani, couronnée d´une coupole semi-sphérique supportée par un ensemble de pendentifs et de huit arcs outrepassés ; et enfin la salle chaude, al-bayt al-sajun aux extrêmes de laquelle s´ouvrent deux alcôves recouvertes d´une voûte. Alors qu'ils commencent leur visite, le docteur Chaabane leur rappelle que le bain arabe est l'un des éléments les plus importants de l'urbanisme musulman, digne héritier de la tradition culturelle gréco-romaine qui fit des thermes un espace hygiénique, sanitaire et social. En effet, en plus de sa première mission ou rôle, disons hygiénique et religieuse, il en avait une autre non moins importante qui était une fonction sociale : lieu de réunion dans une atmosphère de raffinement, et pour les femmes, le seul endroit où elles pouvaient se distraire en dehors du foyer. Il existait les bains publics : au moins un par quartier, sinon plus ; et les bains privés que toutes les familles relativement aisées et riches pouvaient se payer. Les divers aspects d'hygiène, sanitaire et de relation sociale n'étaient pas tout car les bains étaient aussi une importante source d'entrée d'argent, grâce au taxes et au paiement des droits d'utilisation mais aussi un moyen de brûler de nombreux matériaux. Ils étaient toujours installés dans des endroits assez bas afin que l'eau puisse y arriver facilement et en quantité suffisante, et protégés du vent et du froid afin d'éviter une grande consommation d'énergie.