Trois amis de confessions différentes, Mohamed, musulman, Jésus, chrétien et David, juif, se proposent d'entreprendre un périple à travers les terres millénaires d'Al Andalus en Espagne. Un voyage dans la mémoire qui leur permettra de connaître (de se re-connaître) par le biais d'itinéraires, les lieux symboliques de l'Espagne musulmane. Un hymne à la tolérance, au respect d'autrui et au métissage des cultures. Pourtant pendant la période du califat, la ville jouit très certainement du bien-être obtenu pour tout al Andalus ; puis durant l'époque des royaumes indépendants, elle fut rattachée au royaume ziride de Granada. C'est au XIIº siècle qu'Alcala vécut l'apogée de son histoire musulmane en tant que seigneurie indépendante du pouvoir almoravide ; son gouverneur Abd al Malik Ibn Said s'érigea en figure de son temps. C'est l'époque de ce que l'on appelle les seconds royaumes indépendants. Au XIIIº siècle, après la fin de la domination almohade, Alcala et son territoire allèrent de mains chrétiennes en mains musulmanes, et vice-versa, assez facilement. Au début du XIVº siècle, ces branle-bas continuèrent pour l'ensemble du territoire frontalier jusqu'à ce qu'Alphonse X conquît définitivement la ville, lui octroyant le nom de Real (royale). Il est encore tôt et nos amis décident de se rendre au lieu le plus visité de la ville : l'ancienne forteresse musulmane ou château de la Mota située sur les hauteurs et dont on conserve encore de grands pans de muraille, flanqués de quelques tours reconstruites au XVIº siècle. C'est lorsqu'ils y pénètrent qu'ils se rendent compte de l'immensité du site qui occupe près de trois hectares. La muraille intérieure intègre des rochers et des entrailles en pleine roche, formant un ensemble aussi dissuasif que pittoresque. On peut rapidement y distinguer trois ensembles fortifiés. Le plus important correspond au large plateau qui couronne le mont de la Mota, qui serait la cité primitive et qui probablement, plus tard, réservé en grande partie à l'Alcazaba. A l'intérieur, occupant un éperon à l'extrême nord-est, s'élevait l'Alcazar, ultime bastion de défense. En outre, le versant sud-est de la Mota était entouré par ce qui est considéré comme l'enceinte extérieure, et qui protège le reste de la médina. Jesús informe ses amis qu'à l'origine sept portes permettaient l'accès à la forteresse ; la porte de l'Image est maintenant la principale et rappelle la porte de la Justice de l'Alhambra. Mais, étant donné qu'Alcala était la clé du système de défense pour ce secteur de la frontière, son château fut renforcé dans son pourtour de toute une série de tours de guet. Jesús, toujours, fait remarquer que quinze de ces tours sont encore conservées de nos jours, six chrétiennes et les autres musulmanes.