Trois amis de confessions différentes, Mohamed, musulman, Jésus, chrétien et David, juif, se proposent d'entreprendre un périple à travers les terres millénaires d'Al Andalus en Espagne. Un voyage dans la mémoire qui leur permettra de connaître (de se re-connaître) par le biais d'itinéraires, les lieux symboliques de l'Espagne musulmane. Un hymne à la tolérance, au respect d'autrui et au métissage des cultures. Lorsque le quartier de l'Albayzin se ceignit de murailles en 1327, la porte d'Elvira devint la charnière entre la médina et le faubourg de l'Albayzin. Après avoir franchi, sous son arc, le caractéristique passage coudé que tous les grenadins connaissent, nos amis prennent à droite, la calle Elvira, rue qui séparait autrefois l'Albayzin de la médina et de l'Alcaicería. En longeant la rue, Jesús remarque : - Et dire que tout cet intéressant tissu urbain fut endommagé et faillit disparaître après l'aménagement démesuré et irréfléchi de la fin du XIXº siècle lorsque fut ouverte la Gran Vía de Colón. En remontant cette rue sur la gauche de laquelle grimpent vers le quartier du Zenete de sinueuses ruelles, il est possible d'admirer et de visiter de nombreuses églises comme celle de San Andrés, de style renaissance ou celle de Santiago qui arbore un merveilleux portail du XVIIº siècle, œuvre d'Ambrosio de Vico. Tout ce quartier se révèle être un dédale un peu anarchique et chaotique, mais le carrefour des rue Calderería et Cárcel Baja a subi une transformation assez curieuse de son commerce. C'était auparavant de vieilles maisons à l'abandon avec un petit marché typique de produits alimentaires et de légumes. Il accueille maintenant des salons de thé, cafétérias, restaurants et boutiques d'artisanat, gérés par des musulmans, des maghrébins et des arabes établis dans la ville. C'est devenu aujourd'hui le passage obligé de tous les touristes, espagnols et étrangers à la recherche d'un certain exotisme qui y trouvent un authentique dépaysement. C'était aussi le lieu de rencontre privilégié de nos amis qui en profitent pour faire une halte chez « Dar Ziryab », le salon de thé de leur ami tétouanais Otman qui fut d'ailleurs le point de départ de toute cette merveilleuse aventure. Nous ne sommes qu'en début de soirée et la salle principale n'est pas encore remplie. Un couple de jeunes qui paraissent être allemands est en train de siroter un thé tout en écoutant les langoureuses litanies de Khalid, un étudiant marocain ami du patron qui joue du luth dans un coin de l'établissement.