Le S12 reste sans conteste le document qui aura été, une fois introduit dans le circuit de l'état civil, la hantise du citoyen. On en parle à la maison, dans les journaux et même autour d'une tasse de café. Son retrait des bureaux de l'état civil et particulièrement à Oran, est loin d'être un acte aisé, mais bien au contraire, ce n'est pas un hasard si toutes les autorités, nationales, de wilaya ou à l'échelle communale, en parlent avec un ton grave dans les discours les plus officiels. Les tâtonnements et Les tentatives d'améliorer les procédures de dépôt et de retrait de ce fameux S12 , à Oran du moins, n'ont pas pour l'instant convaincu le citoyen et pour cause, il suffit de se rapprocher du service communal de l'état civil pour s'apercevoir que le plus téméraire des citoyens ne pourrait, psychologiquement parlant, sortir indemne de l'un de ces bureaux des secteurs urbains ou encore du nouveau et provisoire siège de la direction de l'état civil, situé en ville nouvelle, à proximité du palais des expositions d'Oran. Un état parfaitement vérifiable pour tout responsable ou autorité qui voudrait de visu le confirmer. Et c'est d'ailleurs dans ce nouveau siège que, durant une matinée entière, nous avons suivi de près les citoyens, de toute catégorie sociale, à quelques exceptions près, venus demander ou retirer des documents officiels de l'état civil dont le S12. Pas un sourire ni même une mine reposée, tous ont les traits montrant un visage contrarié, ajouter à cela les vociférations que ne peut dégager qu'une personne agressée ou blessée, et le plus marquant, ce sont les propos tenus par les hommes, les femmes, les jeunes ou les plus vieux et qui en disent très longs sur un moment passé face aux guichets du bureau de l'état civil. En fin de compte, cette nouvelle structure de l'état civil, mise en place à M'Dina J'dida, n'aura rien apporté comme solution et le problème n'a fait qu'être transposé des secteurs urbains vers une structure, plus importante en surface, mais sans aucune gestion efficace. Djamel, un fonctionnaire, perdu parmi plus de 200 personnes à l'intérieur d'une «salle de réception» en effervescence, dira: «C'est la première fois que je vois ce nouveau siège, je pensais réellement qu'il avait été conçu pour mieux recevoir le citoyen et lui permettre de facilement retirer les documents d'état civil, cette situation est humiliante.» Un agent communal, dépassé par sa tâche et pris à partie par des citoyens expliquera: «Depuis la première heure de la matinée, nous n'avons pas un instant de répit, ce n'est pas nous qui avons imposé le S12, mais l'organisation de l'Etat civil est réellement à revoir et ce n'est pas dans un guichet de ce secteur urbain ou comme ici à la nouvelle direction qu'on trouvera des solutions.» Un cadre retraité et qui n'a même pas pu se rapprocher des guichets fera remarquer à ce propos: «Cela fait presque une heure que j'essaie de me frayer un chemin, pour arriver au guichet et je crois que je vais renoncer à retirer mon document aujourd'hui.» Un autre fonctionnaire en retraite fera remarquer à son tour: «Tous les Algériens ont quotidiennement besoin de documents de l'état civil et cela explique ce grand nombre de citoyens dans les bureaux, je pense donc que c'est aux administrations de cesser d'exiger des documents, pour la fourniture de dossiers, d'ailleurs nous avons battu tous les records en consommation de papier.» Pour ce responsable du service de l'état civil, les chiffres étalés expliquent en partie la situation qui règne dans le nouveau bureau de la direction de l'état civil à M'dina J'dida. Selon notre interlocuteur, depuis le début de l'opération S12, il a été délivré 48.000 documents, 700 sont actuellement en instance pour des raisons de rectification d'erreurs ou autres réserves et 4.200 actes n'ont pas été retirés par leurs demandeurs. Nos services délivrent quotidiennement, 600 à 700 S12.