Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Malgré les changements qui sont intervenus dans le sillage de l'arrivée du nouveau wali d'Oran (nouvelle équipe communale à la tête de l'APC d'Oran, mouvement dans les secteurs urbains, délocalisation du retrait du 12S…), les tracas administratifs préoccupe essentiellement Oranais. N'importe qui le dirait : le retrait d'un acte administratif, quel qu'il soit, relève du parcours du combattant, ne serait-ce que pour l'inévitable file d'attente qui demeure le passage obligé pour parvenir au moindre guichet. Et quand il s'agit du fameux 12S, c'est le cauchemar garanti et l'assurance d'en garder le dur souvenir sa vie durant.Depuis l'apparition de ce document, les services de l'état civil d'Oran vivent une perpétuelle effervescence, qui met les nerfs des administrés et des agents à vif et provoque souvent des prises de bec entre employés qui se disent dépassés et des citoyens outrés par les délais et les conditions d'attente : «C'est bizarre, relève un jeune demandeur de 12S, mais on dirait qu'on voudrait nous décourager de venir dans les mairies, toutes les conditions sont réunies pour cela. Heureusement que c'est un document qu'on ne retire qu'une fois dans la vie.» Dans les files d'attente, les citoyens échangent surtout des propos désabusés sur ces personnes bien introduites qui ne sont pas obligées de «s'éterniser dans des chaînes» ou ces scandales de trafic de documents qui animent parfois la chronique oranaise. On se remémore particulièrement l'affaire du «courtier du 12S» qui était venue, il y a quelques mois, rappeler que le mal de l'administration algérienne ne réside pas seulement dans ses lourdeurs et ses archaïsmes mais aussi dans la corruption et la compromission. Pourtant, quelques semaines après l'arrivée du nouveau responsable exécutif, soit le 10 décembre dernier, décision a été prise de délocaliser la délivrance du 12S de l'état civil de l'APC d'Oran - qui, pour rappel, avait bénéficié de nouveaux locaux à M'dina J'dida - vers les douze secteurs urbains que compte la wilaya. Après l'euphorie et les engagements des premiers jours, de nombreux problèmes ont commencé à apparaître : certains demandeurs nés entre 1970 et 1990 ont été surpris de voir que les pages de registres n'avaient pas été numérisés, ce qui signifie que leurs demandes sont transférées vers le service central pour une durée qui peut aller d'une semaine à deux mois ; des responsables de secteurs urbains refusent de déléguer leur signature à leur chef de service de l'état civil (dans celui d'El Othmania, on parle d'une centaine de 12S en attente de signature depuis plus d'une semaine) ; des erreurs sont commises lors de l'établissement du précieux document, les services de l'état civil central avouent ne pas pouvoir satisfaire à l'importante demande le même jour bien qu'ils délivrent quotidiennement entre 600 et 700 actes (depuis le lancement de l'opération, 48 000 actes auraient été établis, dont 4 200 n'auraient pas été récupérés par les demandeurs). Des problèmes «logiques», selon certains responsables communaux, en raison de la nouveauté des dispositifs mais qui devraient se résorber avec le temps. Cette situation crispe davantage les rapports - déjà très fragilisés par la qualité des services – entre les administrés et les services administratifs, et crée des tensions qui se traduisent souvent par des altercations verbales entre des agents exaspérés et des demandeurs au bord de la dépression. Il y a lieu de rappeler que, selon les chiffres officiels, la numérisation en cours des registres de l'état civil (à raison de 40 registres par semaine, un délai de deux mois est nécessaire au traitement de l'ensemble des matrices) et la décentralisation de la délivrance des S12 ont coûté près de 400 millions de centimes.