La ville pétrolière est plongée dans une frénésie totale, et ce, suite à la propagation de bruits des plus fous, spéculant sur le sort de plus de 17 harraga qui auraient ainsi tenté de quitter clandestinement le territoire national, depuis maintenant plus de huit jours, à bord de deux embarcations, à destination de la rive nord de la Méditerranée, et ce, sans donner aucun signe de vie, à ce jour. Ce qui a mis en branle, les pires supputations sur leurs prédestinations. En effet, selon des indiscrétions émanant de proches, une première équipée aurait pris le départ le vendredi 14 janvier 2011, aux alentours de 3 heures du matin, à bord d'une petite vedette, blanche et rouge et dans laquelle avaient pris place huit harraga. Une seconde expédition, constituée cette fois de neuf candidats à l'Eldorado d'outre mer, a choisi une embarcation de fortune de 4,5 mètres et équipée d'un moteur déficient pour prendre le départ, le jour même, vers 23h30. Selon la même source, ces deux groupes de harraga auraient mis les voiles à destination des côtes européennes, à partir du faubourg de Akid Othmane, ex-Cap Carbon, une localité maritime rattachée et distante de 7 km du chef lieu de la commune, Arzew. D'après les témoignages recueillis ici et là, les habitants de la cité Khalifat Ben Mahmoud, ex-1000 logements, seraient sans nouvelles, depuis plus d'une semaine, de six jeunes du quartier, dont l'âge varie entre 24 et 30 ans. Ces derniers n'auraient toujours pas contacté, comme à l'accoutumée et dans de pareilles circonstances, leurs proches. A cela, il faudrait ajouter la rupture de contact avec cinq autres jeunes, ayant aussi tenté l'émigration clandestine, habitant la cité Emir Aek, ex-les Plateaux et âgés entre 26 et 35 ans; deux autres habitant les quartiers de Mohamed Fartas, ex-Trouville et Mustapha Ben Boulaïd, ainsi que trois autres jeunes aventuriers, habitant au centre ville d'Arzew et sans oublier les deux guides, originaires de Cap Carbon. A noter que des dizaines de famille, n'ayant aucune nouvelle de leurs proches, ont accouru à la morgue de l'hôpital d'El-Mohgoun, pour procéder à la reconnaissance des deux cadavres, repêchés au large de la baie d'Arzew. La première dépouille étant, rappelons-le, retrouvée par les secouristes, non loin des côtes de la Pointe de l'aiguille, la semaine dernière. Quant au second cadavre, il a été retrouvé, très tôt, hier matin, dans les filets d'un chalutier qui ratissait la baie d'Arzew, à la recherche de poissons. Malheureusement, l'opération d'identification des dépouilles n'ayant pas donné ses fruits, laisse supposer que les corps sans vie de sexe masculin qui se trouvent au niveau du service de médecine légale, n'auraient aucun lien avec les harraga, volatilisés en mer, depuis plus d'une semaine. La découverte de deux corps supplémentaires, non originaires d'Arzew et probablement issus d'autres expéditions, encore méconnues des secouristes, fait craindre le pire. A noter que l'hôpital d'El-Mohgoun est pris d'assaut, ces derniers jours, par de nombreuses familles désespérées. L'opinion locale qui est d'ailleurs très touchée par cette nouvelle tragédie, n'a pas perdu pour autant l'espérance qu'un téléphone sonne et ravive l'espoir de voir tous ces jeunes, sains et saufs, de l'autre côté de la mer.