Leurs interlocuteurs de la Garde nationale tunisienne de Tunis n'avaient pas admis leur insistance à vouloir en savoir plus sur la situation des 30 autres émigrants clandestins algériens. Rabroués, molestés et touchés dans leur dignité d'hommes et d'Algériens, ils tiendront aujourd'hui une conférence de presse au cours de laquelle ils révéleront le comportement des autorités tunisiennes sur la situation des Algériens incarcérés dans les geôles tunisiennes, particulièrement ceux surpris dérivant dans les eaux territoriales tunisiennes. Selon des membres de la LADH, s'ils ne sont pas qualifiés de terroristes, nos jeunes harraga sont classés dans le liste des services de la sécurité militaire algérienne pour faire aussitôt l'objet d'une procédure d'incarcération particulière avec mise au secret. C'est ce qu'ont révélé nos mêmes sources qui estiment à plus de 500 prisonniers algériens interceptés en mer et, après leur interpellation et des interrogatoires «poussés», maintenus dans le plus grand secret dans différentes prisons tunisiennes, à Rabtia notamment. Les membres de la LADH qui avaient effectué plusieurs navettes entre la ville de Bizerte, où se sont échouées les embarcations des émigrants algériens, et la capitale tunisienne ont, par contre, fait l'éloge des représentants des gardes-côtes et de la population de Bizerte. Leur déplacement en territoire tunisien fait suite aux recherches effectuées depuis plus de 4 jours par les autorités algériennes pour localiser les 48 harraga. Ces derniers étaient partis clandestinement de la plage de Sidi Salem (Annaba) dans la nuit du 6 au 7 décembre pour tenter de rejoindre les côtes de la Sardaigne. Ils n'avaient plus, depuis, donné signe de vie. Selon des témoignages concordants, originaires de Annaba, Constantine, Skikda et Tarf, ils auraient profité d'une mer très calme pour prendre le large à bord de 2 embarcations de fortunes équipées chacune d'un puissant moteur et d'un système de guidage par satellite. Leur disparition a été signalée soixante-douze heures après par leurs parents. Plusieurs d'entre eux avaient reconnus avoir été informés de la tentative de traversée clandestine de leur progéniture. Les sorties de différentes brigades des gardes-côtes de la façade maritime Est n'ont pas cessé. C'est pratiquement un branle-bas de combat et un véritable défilé d'embarcations de la Marine nationale, renforcées par un avion militaire venu de la base de Boufarik pour participer aux recherches en mer, que l'on a enregistré sur le quai de la grenouillère de Annaba. Une cellule de crise aurait été installée pour le suivi de l'opération et, éventuellement, la mise en place d'un dispositif de sauvetage des 48 harraga. Des sources crédibles avaient affirmé qu'aucune épave ou embarcation à la dérive n'a été signalée. Cependant, le père d'un des candidats à l'émigration clandestine a informé les autorités locales de la communication téléphonique par portable de son fils. Ce dernier lui aurait avoué que les deux embarcations à bord desquelles, ils avaient pris place ont dérivé durant plusieurs heures avant d'échouer sur une plage en territoire tunisien. Il a également affirmé que, quelques minutes avant que la communication avec son fils ne soit coupée, ce dernier aurait fait état de l'arrivée d'un fort contingent de policiers tunisiens pour les arrêter. A moins d'une réaction autre que protocolaire à laquelle nous ont habitués nos représentants de l'ambassade d'Algérie à Tunis, il est certain que ces 48 jeunes clandestins iront rejoindre les centaines de nos jeunes compatriotes ayant vécu la même mésaventure. Gardés au secret, ils croupiraient depuis des années dans les geôles tunisiennes sans espoir un jour de revenir au pays. Selon nos sources, pour la traversée de chacun d'eux, ces jeunes auraient payé chacun 120 000 DA à des passeurs attitrés et fichés en tant que tels par les services de la police maritime de Annaba. Pour l'heure, sur les 48 jeunes algériens candidats victimes de leur tentative à quitter clandestinement le pays, seuls 18 sont actuellement inscrits sur la liste des sauvés. Ils ont été hospitalisés à l'hôpital de Wardia, en Tunisie.