Dans tous les pays du monde, y compris dans les démocraties avancées, depuis longtemps en plus, mais plus particulièrement dans les pays à démocratie différée, les gouvernants ont eu tout le temps d'exprimer leur crainte que l'insécurité et l'instabilité qui en découlent, d'origine sociale d'abord, comportaient le risque de s'aggraver et devenir des tendances lourdes dévastatrices. Pourquoi alors pratiquement toutes les constitutions dans le monde prévoyaient l'implication des forces armées en sécurité intérieure ? La situation qui a prévalu en Tunisie avec son débordement, à savoir le départ précipité de Ben Ali et les perturbations de l'ordre public par le biais des émeutes connues par l'Algérie, l'Egypte et la Jordanie ont inspiré les analystes étrangers qui plaquent les mêmes grilles de lecture sur tout ce qui bouge dans le monde arabe. Les plus grandes des craintes pour les régimes arabes ne proviennent pas tellement des émeutes mais plutôt des lectures des analystes étrangers qui pronostiquent pour notre pays et pour les autres également un effondrement des institutions et la plongée vers la guerre civile.
C'étaient les mêmes pronostics établis par, peut-être, les mêmes analystes qui prévoyaient durant les années de pic terroriste l'effondrement de l'Etat algérien. Relevons quand même qu'aujourd'hui, il s'avère que toutes ces craintes n'étaient pas fondées et relèvent du passé. Cependant, une photographie de la situation de politique globale dans sa relation avec la classe politique et la société civile vient de montrer un paysage perturbé, pas du tout apaisé, ni apaisant. Une organisation de la vie publique centrée sur les frustrations socioéconomiques. Il est vrai que ce sont des préoccupations tellement constantes que les Etats arabes ont décidé de les prendre en charge collectivement à travers des programmes communs financés en commun et par la mise en commun de leurs complémentarités. Ils savent que les besoins sont pressants et incompressibles et que les populations se mettent en position de scruter l'avenir pour percevoir le sens des efforts déployés et les réponses données aux actuelles crises pour désamorcer les éventuelles futures crises. Des crises futures ? C'est dans l'histoire que des crises surviennent de temps à autre, et concernent essentiellement les visions populaires qui se construisent sur la satisfaction de leurs besoins socioéconomiques. Ne plus jamais créer les conditions d'un retour à une situation de déchirure du tissu social, de rupture de la cohésion nationale, de mise en péril des intérêts essentiels de la nation et de culture des germes de la guerre civile. Mais, que peuvent bien faire sur le plan économique des Etats qui ne sont ni intégrés entre eux ni intégrés à l'économie mondiale?