Une pièce archéologique romaine, volée vers la fin des années 1990 du musée d'Hippone d'Annaba, serait selon Tsa en Tunisie, chez l'aînée des filles Ben Ali, en fuite. Connue sous le nom de La Gorgone, la Méduse figurait dans un lot de pièces archéologiques aux côtés des sept têtes de la famille de Septime Sévère l'empereur romain. C'est finalement grâce à une télé arabe moyen-orientale que l'objet de collection, d'une valeur historique et culturelle inestimable, a été aperçu hier par de nombreux téléspectateurs, à commencer par l'ancien conservateur du musée d'Annaba qui l'a reconnu. La Gorgone a été montrée dans l'une des salles du palais de Sakhr El-Materi, gendre de Ben Ali, à Sidi Boussaïd. Le reportage portait sur un inventaire des biens mobiliers et immobiliers, propriétés de la fille aînée de Zine el Abidine Ben Ali. Mais ce qui étonne aujourd'hui, c'est le fait qu'on ait pu «subtiliser» cette pièce imposante -sculpté dans du marbre et d'une hauteur d'un mètre environ- pour la passer de l'autre côté des frontières est, alors que l'objet pèse plus de 300 kilos. En tout cas, cela confirme les soupçons des observateurs qui ont toujours soutenu que les vestiges archéologiques antiques romains, volés dans la ville d'Annaba qui regorge de ce genre de pièces, ne pouvaient se trouver que sur le territoire du pays voisin considéré par beaucoup comme «une véritable plaque tournante du trafic». Pour rappel, sur les neuf têtes de Septime Sévère disparues à la même période que La Gorgone, deux (un buste et une tête de femmes romains volés du Théâtre de Guelma) ont été retrouvées en Tunisie grâce à Interpol avant d'être remises la ministre d'Etat chargée de la culture à l'époque, Mme Zahia Ben Arous. Toutefois, cela ne semble pas avoir dissuadé les trafiquants puisque les vols sur le site d'Hippone n'ont pas cessé. En effet, «en janvier 2004, plusieurs dizaines de pièces mosaïques, poteries, artefacts, statuettes ont disparu comme c'était le cas en 1994 à Souk Ahras où l'on a enregistré le vol de quelque 50.000 pièces de bronze. Devant ces «fuites», l'Etat a manifesté à maintes reprises son souci de voir «continuellement écorché» le patrimoine matériel, soulignant sa détermination à mettre en place une politique structurée et opérationnelle à même de lutter efficacement contre le marché illégal des œuvres d'art et des biens culturels. En vain! Cela est restée lettre morte. Et pour cause, le pillage des sites archéologiques a continué, les responsables chargés de leur sauvegarde se contentant de juste d'en faire le constat. La ministre actuelle de la Culture, Mme Khalida Toumi, n'a pas cessé de déplorer la situation de gestion des musées algériens qui «ne répondent pas aux normes internationales» en vigueur dans les grands musées du monde. La ministre a toujours reconnu que «le patrimoine algérien est menacé»…