L'objet imposant montré à la télévision trônait dans la résidence de Sidi Bou Saïd de Sakher El-Materi qui semble être, ainsi, le véritable commanditaire du vol. Cet objet de grande valeur historique et artistique avait disparu en 1996 dans des conditions obscures grâce à des complicités algériennes qu'il va falloir démasquer ! Il est à rappeler qu'à la suite de cette fâcheuse disparition (et de nombreuses autres dans la région), il a été créé, on se souvient, la brigade de lutte contre le trafic des biens culturels, qui faut-il noter, n'était toujours pas arrivée, pour ainsi dire, à mettre la main sur cet objet qui faisait jadis la fierté du forum d'Hippone. Il y a lieu de signaler que ce vol spectaculaire a plutôt frappé les esprits tant l'objet en question est imposant, sculpté dans du marbre, d'une hauteur de près d'un mètre et pesant presque une demi-tonne. Il était impossible qu'il ait pris des ailes pour quitter l'Algérie. Depuis, l'Etat s'est toujours montré déterminé à lutter contre le marché illégal des œuvres d'art et des biens culturels. Il faut dire qu'en cette année 1996, la région nord-est du pays était particulièrement la cible d'un vaste réseau de trafic avec une recrudescence de vols sans précédent. Le pays était en proie alors au terrorisme. Les vols sur les sites archéologiques n'ont cependant pas cessé, puisqu'en janvier 2004, plusieurs dizaines de pièces de mosaïque, poteries, artefacts, statuettes ont été, de nouveau, portées disparues. La ministre actuelle de la Culture, Khalida Toumi, n'a pas cessé de déplorer, pour sa part, la situation de gestion des musées algériens. A maintes reprises, la ministre avait du reconnaître que le patrimoine archéologique algérien n'était pas suffisamment protégé. Le pillage a donc continué et les responsables chargés de la sauvegarde et de la protection des sites archéologiques se sont contentés juste d'en faire le constat. La première responsable du secteur n'a cessé aussi d'appeler les autres acteurs impliqués dans la protection des objets d'art et des objets archéologiques, tels que la Gendarmerie nationale, la DGSN et les services des Douanes à faire preuve de plus de vigilance en matière de sécurisation du patrimoine culturel. Toutes les recherches effectuées s'étaient tournées néanmoins vers la Tunisie voisine. A Annaba, tout le monde savait que la Tunisie était devenu «la plaque tournante» de ce trafic dont il s'agit de démanteler aujourd'hui les ramifications. Les enquêteurs algériens ont, il est vrai, toujours privilégié la piste tunisienne. Il faut savoir que les autorités ont pu retrouver, grâce à l'appui d'Interpol les traces des neuf têtes d'empereurs romains, (Marc Aurèle, Caracalla, etc.) dérobés du théâtre antique de Guelma. Sur les neuf têtes de Septime Sévère disparues à la même période que lla Gorgone, deux (un buste et une tête de femmes romains volés du Théâtre de Guelma) ont été restitués en 1999 en grande pompe à la ministre d'Etat chargée de la Culture de l'époque, Zahia Ben Arous. C'est grâce, aussi, à Interpol, qu'en 2001, la tête de l'empereur Adrien est retrouvée. La diffusion par les autorités algériennes des photos et des fiches techniques des objets volés avait permis également d'identifier en 2004 la tête de Marc-Aurèle mise aux enchères dans une galerie d'art à New York. Et pour avoir une idée de la valeur inestimable des objets volés, il n'y a qu'à se référer à la mise à prix fixée pour la tête de Marc Aurèle à la modique somme de… 500 000 dollars. S'agissant de la tête de la Gorgone, le mystère de sa disparition est enfin résolu quinze années plus tard. Il est donc aujourd'hui certain qu'un grand nombre de pièces archéologiques volées dans la région prenait la destination du pays voisin. Ces soupçons aujourd'hui confirmés, il s'agit de faire un inventaire exhaustif des pièces disparues. Si Khalida Toumi, ministre de la Culture, est appelée à récupérer le plus vite possible l'objet retrouvé chez la fille de Ben Ali, les services de sécurité algériens doivent s'atteler, d'ores et déjà, à démanteler le réseau de complices dont certains sont tout simplement algériens. Certaines sources tunisiennes font valoir la nécessité pour l'Algérie de prendre attache avec la commission nationale d'établissement des faits sur les abus de Ben Ali présidée par Taoufik Bouderbala ou encore de se constituer partie civile dans le cadre de l'ouverture d'une enquête judiciaire à l'encontre du clan du président déchu. Affaire à suivre.