Le sort des Al Moubarak est-il irrémédiablement scellé ? Le «vendredi de la colère» qui a établi une jonction entre le mouvement du 6 avril, représentative de la jeunesse, et de l'opposition acquise au changement démocratique a eu raison de la résistance d'un régime proclamant le minima de la survie : la démission du gouvernement, l'extension du couvre-feu de 16h00 à 8h00 dans les grandes villes (Le Caire, Alexandrie, Suez) et le recours à l'armée appelée à prêter main forte aux forces de l'ordre complètement débordées. Mais, l'esprit des «réformes» de Moubarak, imposées par la rue en ébullition et prises sous la pression d'Obama réfractaire à l'usage de la violence, est le fait d'une radicalisation de la contestation populaire qui a prononcé la disqualification politique du régime finissant et plongé dans un isolement international grandissant. A l'exception de l'Arabie saoudite et l'Autorité palestinienne, affirmant leur soutien et dénonçant les «atteintes à la sécurité et la stabilité» de l'Egypte, le vent de panique souffle sur la communauté internationale partagée entre les préoccupations exprimées par l'Union africaine (UA), l'appel à « l'arrêt des violences et des effusions de sang » lancé par l'Union européenne (UE), et des capitales occidentales plaidant le recours au dialogue. Sous la conduite des Etats-Unis, imbus de GMO impérial de Bush à Obama, l'hallali des réformes a sonné le temps des « mesures concrètes » et du rejet de la violence dans l'exercice du pouvoir. L'état des lieux a été dressé par le très sérieux et non moins énigmatique WikiLeaks très proche du verdict de Hillary Clinton stigmatisant, à Doha, l'état de sclérose et de la corruption dans le monde arabe : la mainmise totale des Al Moubarak, la torture et la violence policière, le financement américain de l'opposition… Les « belles promesses » de changement sans lendemain, en deçà des revendications portant sur « le droit à la vie, à la dignité et à la liberté », ne tiennent pas la route. Au 6e jour de la protesta, il règne un air de fin de règne chaotique : le couvre-feu bravé, les commissariats (60% des postes de police incendiés) et les sièges du PND au pouvoir saccagés, des scènes de pillage sans précédent. Trois personnes ont été tuées et plusieurs dizaines blessées, hier, alors que des dizaines de milliers de manifestants ont défié le couvre-feu dans le centre du Caire. La feuille de route consensuelle, aux lourds sacrifices (51 personnes tuées selon le ministère de la Santé et plus de 100 selon El Jazeera), porte sur le départ de Moubarak exigé par El Baradeï se tenant prêt pour conduire la transition et les Frères musulmans favorables à « un gouvernement de transition sans le parti (au pouvoir) qui organise des élections honnêtes et une passation pacifique du pouvoir». Cette fin de non-recevoir qui règle définitivement la question de la succession de Hosni Moubarak s'est élargie à sa propre famille politique, à l'image du président des la commission des affaires étrangères du Parlement prônant la nécessité des réformes radicales et de l'influent Ahmad Ezz, membre du secrétariat politique de PND, magnat de l'acier qui joue un rôle important dans le monde politique et des affaires en Egypte et présenté comme un proche de Gamal Moubarak. Face aux incertitudes de la situation qui risque à tout moment de déraper, Moubarak a décrété, en cette fin d'après-midi, une «une réunion politique importante». A l'ordre du jour : l'intronisation du patron du renseignement, le général Omar Souleimen, intronisé dans le poste de vice-président. La page des Al Moubarak définitivement tournée ? Omar Souleïmane prête serment Le chef du renseignement égyptien, Omar Souleïmane, a prêté serment hier en tant que vice-président, premier poste du genre depuis que le président Hosni Moubarak a pris le pouvoir en 1981. La télévision a montré des images sur lesquelles apparaissent le président Moubarak et M. Souleïmane prêtant serment avant de faire le salut Le général Souleïmane, né en 1934, joue un rôle politique important depuis plusieurs années, et est responsable de dossiers délicats de politique étrangère, notamment celui du conflit israélo-palestinien.