Reconnu bien au-delà du monde francophone, l'écrivain martiniquais, auteur de dizaines de romans, d'essais, de recueils poétiques et de théâtre, dont l'état de santé était “critique” depuis un certain temps selon les éditions Galaade, est décédé jeudi matin à l'hôpital Georges Pompidou à Paris à l'âge de 82 ans. Militant anticolonialiste, opposé à la guerre d'Algérie, expulsé des Antilles et assigné à résidence en métropole au début des années 60 par le pouvoir gaulliste, il avait notamment obtenu le Prix Renaudot pour “La lézarde”, en 1958. Il avait écrit une vibrante adresse à Barack Obama, juste après son élection, intitulée “L'intraitable beauté du monde”. La Comédie Française, dont l'écrivain était membre du comité de lecture, a regretté la perte d'un “regard exigeant”. Pour Emmanuelle Collas, directrice éditoriale des éditions Galaade, il était le “poète d'un monde en devenir, inlassable combattant à l'imaginaire flamboyant”. Dominique de Villepin (UMP-RS) a salué, lui, celui qui “a oeuvré avec acharnement, avec toute la révolte qui l'habitait, à la réconciliation d'un monde déchiré”. Pour lui, “Edouard Glissant s'est fait le passeur charnel d'un monde en archipel, dans lequel le métissage devenait la loi du changement et de la réparation”. La journaliste Audrey Pulvar, dont l'écrivain était l'oncle par alliance, a rappelé son importance en métropole bien qu'étant resté “dans l'ombre d'Aimé Césaire”, et à “l'étranger où il était extrêmement connu et reconnu, notamment aux Etats-Unis”. Auteur d'une oeuvre complexe mêlant souvenirs, légendes, images poétiques, propos polémiques et réflexions théoriques, Edouard Glissant a ouvert la voie aux écrivains de la créolité, plus jeunes, tels que Patrick Chamoiseau.