L'exercice du pouvoir par les partis politiques a normalement usé les partis politiques, toutes catégories confondues. Sont-ce, de part et d'autre de la ligne de fracture qui sépare le camp du pouvoir de celui de l'opposition, les chefs des partis qui s'affrontent ou les partis eux-mêmes? S'affrontent-ils autour des enjeux de pouvoir ou celui de l'intérêt général des populations? Même usés jusqu'à l'os, personne ne dira qu'il est fatigué en travaillant au sein du pouvoir et à sa périphérie. Même s'il est fatigué lui aussi, lui qui est dans l'opposition, il n'acceptera pas de dire que le réveil a sonné pour rajeunir le pouvoir ou rajeunir l'opposition. Les partis d'opposition sont eux également usés des suites de leur impossibilité à accéder au pouvoir. Des combats menés sans convictions. Dans tout ce qui peut être observable, il n'apparaît nulle part d'indice pouvant plaider en faveur de l'enracinement populaire de tout parti légal, quel que soit celui-ci. Il serait inévitable de constater que, pour le moment, ni les partis du camp au pouvoir ni ceux du camp de l'opposition pèsent sur les choix du devenir du pays. On aimerait bien qu'il y ait de belles empoignades intellectuelles, de belles empoignades scientifiques, de belles empoignades partisanes et surtout que chacun écoute l'autre en nous laissant écouter nous-mêmes, puisqu'on nous laisse le temps de nous exprimer également, la presse pouvant quand même prétendre à jouer le rôle d'un miroir qui leur renvoie leur propre image. Les partis au (ou du) pouvoir, s'ont ils placés dans les conditions où ils pourraient «peser» sur les décisions qui se prennent au sommet de leurs partis, et finalement, au «sommet» du pouvoir? Eux qui gravitent autour du pouvoir, ne pouvant être le pouvoir lui-même, sont-ils dans la position d'«éjectables» du pouvoir si jamais il est «décidé» de renouveler le personnel politique et les partis dans le cadre de nouvelles orientations politiques qui s'inscrivent dans la perspective d'asseoir de nouvelles sources de légitimité? Il faudrait bien de temps à autre se poser la question de savoir pourquoi il n'y a pas eu de «période durable d'état de grâce» lorsque viennent à avoir lieu des «changements» au sommet…