Reviendra-t-elle cette époque où il n'y avait pas de chômage, pas d'insécurité à niveau élevé, avec une certaine dignité ou plutôt une dignité certaine de l'Algérien quand il partait à l'étranger? Reviendra-t-elle cette époque où on pouvait choisir l'entreprise qu'on voulait pour y dérouler sa carrière, avec la certitude de préserver son emploi en toute sécurité et jusqu'au départ en retraite? Reviendra-t-elle cette époque où on pouvait aller faire ses études dans le pays de son choix? Reviendra-t-elle cette époque où on pouvait manger des grillades au restaurant universitaire Amirouche? Reviendra-t-elle cette époque où il y avait une sorte d'égalité sociale, et pas de signes de richesse apparents ? C'était l'époque pourtant où se préparait, aux Etats-Unis, la stratégie de généralisation du modèle ultralibéral à la planète entière, sous l'impulsion du grand banquier Rockefeller qui avait réuni les représentants de pays riches, de firmes internationales et des idéologues du «tout libéralisme» des plus convaincus. Tout a changé, dans le mauvais sens. On parle maintenant de pauvreté d'une large couche de populations, de chômage, de fuite au risque de laisser sa vie en haute mer. Des kamikazes, jeunes. Des torches humaines, jeunes. Des harraga, jeunes. La pauvreté augmente dans le monde. Elle augmente particulièrement dans les pays dits en développement, elle augmente principalement dans les pays dits les moins avancés, et elle augmente même dans les pays dits développés, preuve en est que la mondialisation n'a pas de visage humain. Pour ceux qui ont la chance de disposer d'un emploi même précaire, la réduction drastique du pouvoir d'achat reste encore plus tolérable, car au moins un revenu existe à la fin du moins. Ceci traduit implicitement l'augmentation de la pauvreté ou alors de la pré-disponibilité d'être atteint par la pauvreté, le reste n'étant qu'un accord sur l'évaluation du seuil de pauvreté dont la manipulation peut révéler que de larges couches de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les factures alimentaires des pays, en développement surtout, ont fait des bonds importants compte tenu que, d'une part, tout est pratiquement importé, que les productions nationales ne sont pratiquement plus protégées, et que, d'autre part, les prix à l'importation ne cessent d'augmenter, alors que le cycle de Doha de l'OMC avait pris l'engagement de lier les échanges commerciaux à la réduction de la pauvreté dans le monde. C'est toujours le même discours.