Comme chaque année, en cette période, la préparation de la saison estivale vient d'être lancée. Des réunions et des sorties sur sites ont été programmées… Oran et ses plages sont devenues, au fil des années, pendant l'été, des endroits prisés par de nombreux estivants venant de partout. Ainsi, l'année dernière, les plages de la côte Ouest ont accueilli plus de vacanciers que celles de la côte Est. La corniche oranaise en est pour quelque chose dans cet engouement. Cependant, différents problèmes ont terni la dernière saison estivale, à commencer par le transport. Les autorités concernées n'ont pas pu appliquer le programme tracé à cet effet. Une désorganisation dans les navettes des bus a fait que beaucoup d'estivants ont eu du mal à rejoindre les plages d'Aïn El-Türck. Il faut dire aussi que les transporteurs ont sciemment opté pour la ligne des Andalouses qui est plus rentable, et ce, sans tenir compte des directives de leur direction de tutelle et vu l'absence d'un contrôle conséquent. Les chauffeurs et receveurs des bus ont ainsi édicté leur loi. En plus, l'arrêt terminus de Dar El Hayet était devenu un lieu prisé par les délinquants et les petits malfrats qui y faisaient régner une insécurité totale pour les pauvres estivants qui s'apprêtaient à aller faire trempette loin des grandes chaleurs de la ville. La station de taxi de la place du 1er Novembre a été squattée par une horde de clandestins qui ont imposé leurs tarifs, obligeant le taxi réglementaire à choisir la ligne des Andalouses pour égaler le bénéfice fait par ces hors-la-loi du transport. Ainsi, les Türckois qui devaient rallier Oran et les vacanciers ont payé jusqu'à 250 da, voire même 300, le prix de la course par personne. Dans un autre registre, les artères d'Oran ont rencontré, durant l'été passé, un grand problème. Les travaux du tramway ont énormément perturbé la circulation. Certains quartiers ont carrément été boudés par les taxis. Quant aux bus, les changements de leurs itinéraires ont beaucoup perturbé les usagers qui ne savaient plus où donner de la tête. L'augmentation des tarifs des tickets sur les lignes urbaines n'a pas arrangé les choses. Pour revenir à la route de la Corniche, celle-ci était devenue impraticable à cause du nombre de voitures qui la sillonnaient, et ce, à n'importe quel moment de la journée. De nombreux accidents ont été relevés malgré la présence d'un dispositif sécuritaire conséquent. Les stations balnéaires situées sur la Corniche sont devenues de vraies ruches où s'entassaient une multitude de vacanciers venus de partout. La circulation à Oran ville et le long de la Corniche était devenue infernale, de jour comme de nuit. Pourtant un plan de circulation a été proposé, en fonction des problèmes rencontrés sur le terrain, mais non appliqué. Les plages occupées par des solariums «Taïwan» sont devenues des propriétés privées. Aucun mètre carré de libre n'a été laissé au pauvre estivant à qui on avait pourtant promis, à coups de déclarations, «des baignades gratuites». Les édiles des localités de la Corniche ont essayé de gérer ce dossier, tant bien que mal, sans pour autant obtenir de résultats positifs sur le terrain. L'estivant a été confronté, tout au long de ses vacances, «aux hommes à gourdins» qui se sont partagé parkings, rues et ruelles, imposant une taxe allant directement dans leurs poches sans que la commune en bénéficie d'un rond. Les «Monsieur Plage» et «Monsieur Secteur», de belles initiatives au départ qui n'ont pas été suivies d'effet sur le terrain faute de moyens adéquats car il fallait mener cette tâche quotidiennement et dans les meilleures conditions. Les ordures et la saleté ont été les décors du paysage de nos cités. Désorganisation dans la collecte des ordures ménagères, avec des heures non fixes, et rues et artères non nettoyées notamment en cette période de grande chaleur. Artères et rues mal éclairées, chaussées pleines de nids de poules, chantiers occupant la voie publique. Les marchés, aussi, ont offert à l'estivant du n'importe quoi. Poisson, viande et poulet exposés à une température caniculaire. L'absence des contrôleurs d'hygiène a laissé le pseudo commerçant libre de vendre ce qu'il veut. Certains commerçants ont appliqué leurs «tarifs d'été», des restaurateurs ont servi de la nourriture non contrôlée mettant en danger la santé du client. Les hôteliers ont fixé leurs propres tarifs sans aucun contrôle, la location a doublé voire triplé dans certains établissements. Le vacancier profitait de la mer pendant la journée mais, le soir, il n'avait pas où aller. L'absence de loisirs pour les estivants a été flagrante à la Corniche. Aucun festival, aucune soirée de variétés pour les familles, aucun cinéma en plein air, absence de manèges et de fêtes foraines pour les enfants. On n'a vu que des “khaïmate”, avec des chameaux, où on servait du thé à la menthe. La place du 20 août se trouvait, ainsi, chaque soir, bondée de monde vu qu'il n'y avait pas d'autre endroit pour se distraire et se défouler. On n'a pas pu booster ce tourisme balnéaire tant recherché. Au constat fait dernièrement, on voit que bien des choses sont restés telles qu'elles étaient la saison passée. Nids de poules béants, attendant le revêtement inscrit pour l'année 2011, rues et artères mal éclairées, places et placettes toujours à l'état d'étude… Une course contre la montre doit être déclenchée pour l'assainissement de certaines grandes artères, à l'instar de la rue Mohamed Boudiaf (ex Millinette), et les parkings et aires de stationnement, accaparés illégalement, à organiser. Certains aménagements sont prévus pour y remédier mais qui restent insuffisants, à l'instar de quelques accès aux plages qui restent interdits aux baigneurs. Le transport reste cet éternel problème que subit quotidiennement le riverain de la Corniche. “Je dépense chaque jour plus de 200 da pour rallier Oran, l'été je vais encore une fois subir et obliger de payer plus pour rejoindre mon travail ou rallier mon domicile chaque soir” nous déclarera un fonctionnaire d'une institution étatique habitant Bouisseville. “Pourrais-je me baigner, cet été, ma famille et moi et déposer mon parasol en toute quiétude sans qu'on m'oblige à louer une table ?” s'interrogera un père de famille habitant Aïn El-Türck. “Quatre mois nous séparent de la saison estivale, verra-t-on une amélioration du cadre de vie ?” nous déclarera un universitaire. Des défis attendent les gestionnaires de la cité, seront-ils capables de les relever?