Les mouvements de protestation touchent pratiquement tous les secteurs d'activités dans le pays. Les travailleurs et cadres multiplient des actions de protestation soulevant des revendications qui restent socioprofessionnelles. Les accords conclus à la suite de cette action se sont traduits par des factures salées. Les versements des indemnités dans le cadre de l'application des nouveaux statuts particuliers, avec effet rétroactif depuis 2008, s'ajoutent à l'aide à l'emploi, au logement, à la subvention des produits de large consommation et autres pour augmenter les dépenses publiques. La loi de Finances complémentaire pour 2011, qui sera soumise prochainement au Parlement, se distinguera des précédentes LFC, en particulier celles de 2009 et 2010 qui ont porté sur des mesures essentiellement économiques. La LFC 2011 est appelée à prendre en charge les dépenses complémentaires en application des différentes mesures prises dans le cadre de la réunion du Conseil des ministre tenu le 22 février dernier, en plus des répercussions financières suite à la signature de plusieurs statuts particuliers de différents secteurs tels que ceux de la Santé et des Finances. Récemment, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a souligné, dans un entretien accordé à l'APS, que la LFC de 2011 s'inscrit dans «un contexte économico-social caractérisé par la hausse, à l'internationale, des prix des différents produits et par la mise en œuvre des différents statuts professionnels des secteurs». «L'Etat algérien a pris plusieurs décisions visant l'atténuation de l'incidence financière des produits importés pour éviter les surcoûts à la consommation, et le renforcement des différents dispositifs d'amélioration des conditions de vie et de création d'emplois», a-t-il ajouté. Ainsi, cette LFC comportera des mesures qui ont pour finalité de «pérenniser l'aide de l'Etat qui subventionne une large partie des produits de consommation et qui prend en charge les dépenses liées à la création et au maintien de l'emploi». En conséquence, il sera question de «soutien des prix à la consommation de plusieurs produits vitaux pour la vie quotidienne des citoyens par la baisse de la pression fiscale et la facilitation de l'impôt». Le ministre a expliqué qu'antérieurement à 2011, les prix du blé dur et tendre et de la poudre de lait étaient soutenus par le budget de l'Etat. En 2011, le soutien budgétaire s'est élargi au sucre et à l'huile alimentaire, suite aux fortes variations à la hausse de leurs prix internationaux. «La facture budgétaire pour ces deux produits, induite par le soutien de leurs prix, se situe aux alentours de 270 milliards de DA» a-t-il dit. En outre, il s'agit de mesures portant «création et maintien de l'emploi à travers la défiscalisation au titre des premières années d'activités et l'instauration d'une imposition progressive – c'est-à-dire modérée – à l'issue des périodes d'exonération». D'autre part, la micro-entreprise bénéficie d'un soutien supplémentaire à travers «la généralisation des incitations fiscales à tous les dispositifs de création d'emplois en leur octroyant un régime d'imposition très assoupli après expiration des périodes d'exonération, à travers la mise en application de progressivité en termes de paiement de l'impôt». Par ailleurs, l'incidence financière dans la mise en œuvre des statuts particuliers pour les seuls fonctionnaires des Finances est «évaluée à 660,5 millions de DA par an». Il reste à prévoir l'enveloppe qui sera consacrée à tous les autres secteurs. Toutefois, le gouvernement ne compte pas revenir sur la suspension du crédit à la consommation qui s'est imposée, selon M. Djoudi, par «le souci de sauvegarde et d'orientation de l'épargne des petites bourses et le devoir des pouvoirs publics à protéger l'économie et la production nationales». Il s'agit aussi de «favoriser la création de nouvelles industries».