Serrour Hasni, l'auteur du célèbre tube « Âchek Memhoune », enregistré en 1958 dans les studios « Forat » à l'ex-rue général Joubert à Oran, est une grande figure de la chanson oranaise. Né le 21 janvier 1935 dans le quartier de Lamur (El Hamri), il faisait partie de toute une famille d'artistes dont l'ainé Aïssa, Hasni, pénétra dans l'art, à l'âge de 20 ans, quand il était ouvrier à la cave Sénéclause où il fera la rencontre avec son collègue Abdellah Medjahed qui était un amateur dans la poésie populaire et un bon parolier de chansonnettes. D'ailleurs, c'est lui qui écrira la fameuse chanson « Al Âachek Memhoune ». Arrangée par Blaoui Houari, elle est la première chanson qui sera enregistrée sur disque 45 tours par Hasni. Ce disque rendra Hasni une vedette demandée par tous les orchestres de la place, mais Serrour avait sa préférence avec l'orchestre de Bendaoud Djelloul. Hasni, en plus du fait d'être chanteur, était un bon percussionniste : il jouait la derbouka, le thar, le bendir. Il demeurera avec Bendaoud jusqu'à l'indépendance où il rejoignait l'orchestre de la RTA, sous la direction de Blaoui Houari. Hasni sera chanteur et choriste. Il interprétera le chaâbi, l'oranais, le marocain et faisait partie du groupe d'amis avec Ahmed Saber, Ahmed Saïdi, Naji Nouredine, Taibi Tayeb, Amar Wahid. Aussi, il accompagnait ses frères dans le groupe musical que dirigeait Serrour Aïssa et ses cousins Bouâmeur, Belkheir, Mohamed et le célèbre chanteur M'naouer, dit « Adamo l'Oranais ». A la dissolution de l'orchestre de la RTA, tous les musiciens et chanteurs se sont retrouvés au chômage, il fallait donc animer les fêtes, les mariages et les manifestations culturelles que connaissaient à l'époque tous les quartiers d'Oran et surtout la Place d'Armes et la place Bendaoud. Serrour retourne à son café-bar qu'il gérait en attendant des jours meilleurs, mais au début des années quatre-vingt dix, une mauvaise chute lui vaudra une intervention chirurgicale au niveau du genou, dont il ne se rétablira jamais. Les événements dramatiques qu'a connus le pays, le silence de l'art et de la culture durant cette période, a fait que l'état de santé de l'artiste Hasni se dégrade d'avantage suite à une hémiplégie qui le clouera sur une chaise roulante. Il sera relégué aux oubliettes comme d'ailleurs l'ont été ses camarades qui l'ont précédé dans l'autre monde, ignorés et abandonnés par la famille de la culture et de l'art. Serrour nous fera ses adieux le mois de juin 2004. Il est parti rejoindre la grande équipe de la musique oranaise : Wahbi, Saber, Benzerga, Hadjouti, Rahal, Boutlelis, Ali Kahlaoui, Houari « Mignon », Amar Wahid, Bendhiba, Bensmir « Bidaka », Maârif Mohamed, les Serrour Aïssa et Belkheir, les frères Azzouz, Benchaâ Belkhiter, Ezzine, Abdelkader Ould El Aïd, Guendouz Mohamed… Ils sont partis sans dire un mot, puisque le trésor qu'ils avaient réunis durant des années a été profané, par une génération sans repères.