Plusieurs centaines de médecins résidents, pharmaciens, chirurgiens-dentistes et médecins anesthésistes ont observé, hier, des rassemblements à Alger. Ce mouvement vient ponctuer une grève illimitée qui est à son troisième mois pour les trois premiers mais tous sont unanimement décidés à mener à bout leur mouvement de protestation malgré les diverses déclarations «rassurantes» faites par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Pour les médecins résidents rencontrés sur les lieux, Djamel Ould Abbès n'a pas établi un échéancier pour la mise en œuvre de la commission chargée d'étudier le service civil et les revendications sociales économiques. En effet, pour eux, même la question des indemnisations n'est pas encore résolue étant donné que le ministre a situé les indemnités qui leur seront attribuées à l'avenir, entre celles destinées aux généralistes et celles des spécialistes. Les résidents demandent ainsi plus de clarté de la part de la tutelle. C'est le même point soulevé d'ailleurs par les étudiants en pharmacie et en chirurgie dentaire. Pour les uns comme pour les autres, Ould Abbès n'a donné aucune suite concrète aux revendications mais s'attache à annoncer «des acquis plutôt flous». «Après la conférence nationale des 17 et 18 avril, le ministre a annoncé qu'il est question dorénavant de faire les réunions du conseil pédagogique avec l'association des étudiants mais cela s'est fait sans nous solliciter», a affirmé Benaboura Fida Eddine, porte-parole de la coordination nationale des étudiants en pharmacie (CNEP). En plus du rééchelonnement vers la catégorie 16 de la Fonction publique au lieu de la catégorie 13, l'intégration de la pharmacie industrielle comme spécialité et la création d'une faculté de pharmacie, les étudiants réclament le droit d'accéder au titre de docteur d'Etat. «Le ministre a annoncé qu'il y a ouverture du diplôme de docteur pour les pharmaciens mais là encore il n'a pas été clair. On ne connaît pas encore les modalités d'application de cette décision», a déclaré notre interlocuteur avant d'ajouter: «On ne veut pas d'exclusion. Nous sommes tous aptes à avoir le titre de docteur. Nous avons 3.480 heures de formation au cours de notre cursus de cinq ans alors qu'en France par exemple les étudiants ont 2.900 heures en 6 ans.» A noter qu'un important dispositif sécuritaire était mobilisé à la sortie de l'hôpital pour empêcher une éventuelle tentative de sortir dans la rue. Non loin de là, à l'hôpital de Bab El-Oued, ex-Maillot, les anesthésistes observaient une demi-journée de débrayage. Et cette action qui vient après celle de lundi passé aurait pu être annulée si le ministre de la Santé avait répondu à l'appel de ce corps médical. «La tutelle n'a donné aucun signe, vraiment aucun», a affirmé de son coté M. Bouzrara, doyen des médecins anesthésistes à l'hôpital. Seules les urgences sont assurées. Les anesthésistes prévoient une assemblée générale demain à l'hôpital de Béni Messous pour décider de l'action à mener à l'avenir. Simultanément à ce mouvement qui a secoué les hôpitaux de la capitale, d'autres ont eu lieu dans quelques wilayas du pays pour les trois corps.