La lutte contre la fraude fiscale n'a de sens que si l'administration fiscale est réellement assainie, c'est du moins le message principal que renvoient les directives verbales données par le ministre des Finances, Karim Djoudi, aux cadres régionaux de son département réunis, hier, au siège de la wilaya d'Oran. «Je ne pardonnerai jamais aux contrôleurs et aux agents de l'administration fiscale qui faillent délibérément à leur devoir» s'est adressé l'argentier du gouvernement aux cadres de son département, les mettant ainsi en garde contre toute complicité dans la fraude fiscale. Djoudi tente même de rassurer les agents et les responsables de l'administration fiscale que la tutelle est prête à mettre le paquet en les dotant de moyens nécessaires à rendre plus performante cette administration. En commençant par le renforcement du corps des agents et des inspecteurs contrôleurs. Abordant le volet de la gestion des budgets, Karim Djoudi révèle un chiffre alarmant qui illustre parfaitement le décalage entre l'effort de l'investissement national, consenti par l'Etat, et la capacité qualitative de nos administrations à gérer cette manne financière. Sur les 17.600 milliards de Da consacrés pour le premier plan quinquennal, seuls 8.000 milliards de Da ont été consommés d'où l'utilité de s'interroger sur le taux de consommation que va connaître l'actuel plan quinquennal 2009-2014 pour lequel l'Etat a dégagé 21.000 milliards de Da. Afin de faire face à ce grand et épineux défi, le ministre des Finances appelle les dirigeants des principales administrations, relevant de sa tutelle directe, à préparer des feuilles de route pour parvenir à un diagnostic fiable du problème.
Point de presse du ministre des Finances
Lors d'une rencontre improvisée avec la presse, Karim Djoudi a été invité à se prononcer et puis à réagir à un certain nombre de questions qui préoccupent, à la fois, les citoyens et les acteurs de l'économie nationale. S'agissant du problème relatif à la circulation inquiétante de la fausse monnaie et celui de l'absence sur le terrain du billet de 2.000 Da, le ministre précisera que la fausse monnaie est un problème qui a existé et qui existe dans le monde et notre pays est en train de mettre en place une stratégie de lutte pointue contre ce phénomène. Il annoncera, à ce propos, que les administrations des trésors viennent d'être dotées d'appareils modernes de contrôle des billets. Pour ce qui est des billets de 2000 Da, le ministre fera savoir que l'émission de cette coupure n'a commencé que le 28 avril dernier et sa mise en circulation sur le marché se fera graduellement. Abordant la question relative au retour ou non du crédit à la consommation, Djoudi précisera «lorsque nous avons institué le crédit à la consommation, notre but était d'améliorer le pouvoir d'achat des ménages algériens et l'encouragement de la production nationale, en premier lieu, même si le crédit à la consommation s'adressait aussi aux produits d'importation. Malheureusement, les résultats ne répondaient pas aux attentes et cette formule de crédit a profité surtout aux produits de l'importation et contribué à la création de richesses et de l'emploi dans les pays étrangers au détriment de la production nationale». Abordant la question relative à la nouvelle taxe imposée sur l'importation des véhicules, le ministre fera savoir que celle-ci a permis la création d'un fonds qui a permis de financer la réalisation des tramways d'Oran et d'Alger. A en croire les propos du ministre, le retour du crédit à la consommation sera abordé prochainement au Palais Zighoud Youssef devant les députés, mais l'option de son adoption de nouveau est plutôt à écarter. A une question de savoir si le gouvernement va réagir aux revendications des agriculteurs qui réclament l'effacement de leurs dettes, le ministre avance un niet catégorique.
L'Etat rachètera Djezzy
Questionné sur l'avancement des négociations entre le gouvernement et le groupe Orascom, à propos de sa vente et du redressement fiscal imposé à sa filiale de téléphonie mobile Djezzy, Karim Djoudi fera savoir que le travail a franchi un grand pas et les experts engagés dans cette affaire sont entrés dans la phase de l'évaluation finale. «Djezzy ne peut être acheté que par l'Etat», a dit Karim Djoudi. Du coup, on ne peut que s'interroger sur ce que deviendra l'opérateur historique Mobilis si cette vente arrive à se concrétiser dans un court terme.