Se conformant aux instructions du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, l'instance s'attellera à cerner tous les aspects susceptibles d'enrichir les consultations et de leur conférer une dimension nationale de sorte que les réformes qui seront proposées reflètent les avis et propositions émanant de la majorité de manière démocratique. Le président Bouteflika, rappelle l'instance, a recommandé, au cours du Conseil des ministres du 2 mai, la nécessité d'engager de larges consultations pour apporter des réformes politiques « profondes», pour peu qu'elles respectent les constantes de la Constitution, que sont l'islam, l'arabité et l'amazighité. L'article 178 de la Constitution dispose que nulle révision constitutionnelle ne saurait porter sur le caractère républicain de l'Etat, l'ordre démocratique basé sur le multipartisme, l'islam religion de l'Etat, l'arabe langue nationale et officielle, les libertés fondamentales et les droits de l'homme et du citoyen, l'intégrité et l'unité du territoire national, ainsi que l'emblème national et l'hymne national en tant que symboles de la Révolution et de la République. Concrètement, ces réformes toucheront aussi bien la Constitution que les lois sur le régime électoral, les partis politiques et le mouvement associatif, celle relative à la représentation des femmes aux assemblées élues, la loi sur l'incompatibilité avec le mandat parlementaire et le code de la wilaya.
La loi sur l'information est également inscrite dans ce débat sur les réformes. Dans ce contexte, le chef de l'Etat a chargé le gouvernement d'accélérer le chantier des ajustements législatifs et réglementaires, principalement la révision de la loi organique portant Code de l'information et d'initier les lois ordinaires pour un cadrage juridique. Toutefois, les consultations ordonnées par le président Abdelaziz Bouteflika en faveur de réformes politiques en Algérie commencent sans la participation de plusieurs partis et personnalités d'opposition qui n'en attendent rien. Le président du Conseil de la Nation (Sénat) Abdelkader Bensalah, chargé de sonder partis politiques et personnalités en vue de réformer les institutions, est flanqué de deux conseillers du chef de l'Etat, le général Mohamed Touati et l'ancien ministre Mohamed Ali Boughazi. Le choix de ces personnalités suscite nombre de critiques. Ainsi juge Moussa Touati, le chef du parti d'opposition Front National Algérien (15 députés): “Bouteflika ne peut pas choisir une personnalité neutre”. Le chef de l'Etat “doit défendre et protéger le système” qui l'a placé à ces fonctions, estime-t-il sans dire si son parti boycottera ces consultations. De son côté, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, 19 députés, opposition) de Saïd Sadi, rejette l'initiative présidentielle. “L'époque des bricolages politiques est révolue”, affirme le RCD, membre de la Coordination pour le changement et la démocratie (CNCD) née début janvier après les émeutes sanglantes contre la cherté de la vie, qui avaient fait cinq morts et des centaines de blessés. Ce projet, dit-il, est un “monologue contre le changement”. Même refus de la part du Front des Forces socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed, non représenté au parlement pour avoir boycotté les dernières élections de 2007. “Nous attendons des actes concrets vers le changement afin de rétablir la confiance dans le pouvoir et dans l'Etat, et non pas du bricolage”, déclare son premier secrétaire, Karim Tabbou. Au sein de l'autre aile de la CNCD, dite Barakat, Mustapha Bouchachi, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) “ne peut pas se prononcer”. “Est-on invité, s'est-il interrogé ?». Dans le camp du pouvoir, au sein de l'Alliance tripartite tout le monde est fin prêt. Ainsi le Front de libération nationale (FLN, 136 députés), a mis en place cinq groupes de travail composés de cadres du parti, de professeurs et de spécialistes en jurisprudence constitutionnelle pour élaborer ses propositions. L'autre parti de l'Alliance, le Rassemblement national démocratique (RND, 62 députés) du Premier ministre Ahmed Ouyahia, juge que ces réformes devront répondre “aux attentes de la majeure partie de la classe politique” et le troisième, le Mouvement de la société pour la Paix (MSP, islamiste, 51 députés), y voit “un pas en avant”. Tous les jours quasiment depuis le début de l'année, des manifestations, marche, sinon émeutes, émaillent la vie des Algériens. Les protestataires réclament des augmentations de salaires, auquel le gouvernement répond au coup par coup, mais aussi de l'emploi, des logements ou montrent tout simplement le mal-être d'une jeunesse qui se sent oubliée, dans le sillage des révolutions arabes en cours.