Les débarquements d'immigrés clandestins sur l'île italienne de Lampedusa en provenance des côtes tunisiennes se sont poursuivis avec l'arrivée de près d'un millier de personnes dimanche, selon les garde-côtes italiens. Ces arrivées massives ont soulevé l'inquiétude des autorités italiennes. Le ministre italien de l'Intérieur, Roberto Maroni, est allé jusqu'à évoquer la possibilité d'envoi de forces en Tunisie pour aider les autorités tunisiennes à maîtriser la situation dans les ports. Ces arrivées sont favorisées par une mer calme, selon les garde-côtes qui ont repéré une dizaine d'embarcation au large des côtes tunisiennes se dirigeant vers la Sicile, et qui s'attendaient à intercepter environ un millier de personnes dans la journée. Depuis cinq jours, ils sont quelque 5.000 immigrés clandestins à être interceptés, pris en charge et transférés dans des centres de rétention implantés sur le continent, notamment dans les villes du sud de la péninsule, selon des décomptes officiels. Devant ces afflux massifs, les autorités semblent débordées, et la petite île de Lampedusa a vu toutes les structures provisoires ouvertes pour accueillir les arrivants sont déjà pleines, n'étant plus en mesure d'y faire face, du fait de la fermeture il y a plus d'un an, du seul centre existant, d'une capacité d'un millier de places. Le maire de Lampedusa, Bernardino De Rubeis, qui a parlé d'"exode aux proportions bibliques", de migrants, a indiqué qu'il y avait actuellement plus de 2.000 immigrants dans l'île qui attendent leur transfert par ferry et avion dans le continent. Suite à la décision la veille du gouvernement italien de déclarer l'état d'urgence humanitaire, confiant la gestion de cette crise sans précédent à une commission nationale de la protection civile, six officiers devraient rallier l'île, rejoindre le nouveau commissaire spécial en la personne du préfet de Palerme, Giuseppe Caruso, désigné à la tête de cette structure. La commission en question devrait décider de la réouverture du centre de transit de Lampedusa, dont la fermeture était sous les feux des critiques des ONG humanitaires, notamment du HCR. L'opposition italienne a pointé du doigt le gouvernement, l'accusant de n'avoir pas prévu cette crise et de ne s'être pas préparé en conséquence. "Nous devons mobiliser les pays de la Méditerranée qui ont des navires, des avions et des hélicoptères" pour contrôler la côte tunisienne, a indiqué dimanche, le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini. Il a ajouté que "les clandestins tunisiens recevront de l'aide mais ils ne peuvent pas rester sur le territoire italien". Rome avait demandé une "réunion urgente" du Conseil justice et intérieur de l'Union européenne sur cette question. Les observateurs s'attendent à d'autres afflux d'immigrés d'autant que certains, arrivés ce dimanche, ont fait état aux médias, de l'absence de contrôle strict dans les ports du sud de la Tunisie. Une ressortissante tunisienne interceptée avec une centaine de ses compatriotes dimanche à l'aube, citée par l'agence ANSA, a expliqué qu'il n'était "plus possible de vivre en Tunisie", du fait de "la violence et des enlèvements" qui s'observeraient, ajoutant que "le pays était en plein désarroi". Elle a également fait savoir que "le marché des embarcations de fortune servant dans les ports tunisiens était en plein essor" et qu'il faut "payer 2.000 DA tunisiens ou 1.000 euros, pour embarquer clandestinement, à destination de l'autre rive".