Un lot de 120 appartements et un autre de 34 petites "villas" construits à Boussaâda (M'sila) par l'ex-entreprise de promotion du logement familial (EPLF), sont abandonnés depuis leur réception en 1997 et se dégradent à vue d'œil, a-t-on constaté. Appelés, par dérision, "biens vacants" par les Boussaâdis, ces logements avaient été achevés juste avant la dissolution de l'Eplf pour être ensuite livrés... aux aléas du temps et à l'inconséquence des hommes, se transformant vite en refuges pour délinquants avant d'être confiées, en 2000, à l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) dans le but de les préserver. Un cadre de l'office souligne que ce transfert de propriété "coûte, en entretien, des sommes importantes prélevées, depuis une décennie, sur le budget de fonctionnement" de cet organisme. Une situation qui se trouve compliquée, relève-t-on, par le fait que ces logements ont été bâtis sur un terrain appartenant aux Domaines publics avant d'être acquis par l'ex-Eplf auprès de l'agence foncière de Boussaâda. Selon des données recueillies sur site, une vente aux enchères a été organisée il y a 5 ans pour céder ces logements, mais elle s'avéra infructueuse car les offres étaient inférieures au montant de la mise à prix. Pour Saci B, cadre dans une entreprise privée, les pouvoirs publics "auraient pu recourir à plusieurs formules pour permettre l'exploitation de ces habitations, en les intégrant, par exemple, au programme LSP (logements sociaux participatifs) au lieu de les laisser abandonnées au moment où beaucoup de gens sont à la recherche d'un toit''. Pour nombre d'employés d'administrations et de structures publiques locales, ces habitations auraient également pu être "achetées par la wilaya pour servir de logements de fonction aux personnels administratif, technique et de sécurité comme ce fut le cas pour 214 autres logements acquis en 2009". Une situation analogue caractérise 40 autres logements non encore attribués depuis plus de 24 ans à M'sila. Réalisées par l'entreprise dissoute ENADITEX (textiles) et relevant actuellement de l'entreprise Tindal, ces habitations qui faisaient partie d'un projet de 124 unités (dont 80 distribuées) ont fait l'objet, à plusieurs reprises, de tentatives d'occupation par les travailleurs de Tindal. Pour certains de ces derniers, la solution serait soit de les octroyer aux travailleurs soit de les vendre pour renflouer les caisses de l'unité. Trop de chantiers inachevés Il est par ailleurs donné au visiteur de M'sila de constater que des centaines de projets de promotion immobilière, engagés durant les années 1980, demeurent, pour la majorité, en état de chantiers inachevés. Les quelques habitations réceptionnées sont proposées en location alors qu'à l'origine, ces promotions immobilières, accordées au dinar symbolique, étaient destinées à inaugurer une nouvelle approche destinée à permettre aux plus aisés d'accéder à un logement. Le nombre réel de ces promotions serait ''inconnu car cédées sans cahiers des charges'', assurent des sources au fait du dossier du foncier, qui soulignent que cette situation a permis aux promoteurs bénéficiaires de "prendre tout leur temps avant de verser dans la spéculation foncière". Une décision prise en 2004 par les autorités de la wilaya de M'sila, exigeant des promoteurs la livraison de leurs projets dans les meilleurs délais sous peine d'engagement de "procédures de retrait", en application des textes sur la promotion immobilière, avait fait "bouger" les chantiers mais ce ne fut que pour une trop courte période.