La confusion règne toujours sur le terrain, alors que les Nations unies ont nommé un représentant spécial pour la Libye pour tenter de mettre fin aux violences qui ont fait des dizaines de victimes et protéger les populations. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, profondément préoccupé par la poursuite et l'aggravation des combats entre pouvoir et opposants en Libye, a chargé lundi l'ancien ministre jordanien des Affaires étrangères, Abdelillah Al-Khatib d'entamer des "consultations urgentes" avec le gouvernement du colonel Maamar El-Gueddafi sur la situation humanitaire". M. Al-Khatib a pour mission d'"engager des contacts avec le plus grand nombre de personnes afin de former une stratégie qui permette de sortir de l'impasse dans laquelle se trouve la Libye", selon un communiqué de l'ONU qui appelle fermement à la "fin des hostilités". Après près de trois semaines de soulèvement populaire, la confusion règne dans le pays notamment à l'est, en proie à des combats meurtriers entre le Conseil national libyen formé par des insurgés qui assurent avoir le contrôle de cette région alors que la télévision libyenne a affirmé que le gouvernement avait repris le contrôle de Ras Lanouf (est) Tobrouk (est) et Misrata (ouest). Face à l'aggravation de la situation, l'ONU ainsi que des ONG humanitaires ont sollicité la générosité internationale pour fournir assistance aux victimes de cette crise qui a fait conduit à l'arrivée de près de 191.748 personnes dans les pays voisins. Par la voix de son chef de la diplomatie, Londres a confirmé lundi travailler sur un projet de résolution de l'ONU établissant une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye soulignant que "de nombreuses conditions doivent cependant être réunies pour essayer de mettre en œuvre une telle zone". "Il doit y avoir une nécessité démontrable qui soit perceptible par le monde entier. Il doit y avoir une base légale claire (pour le faire), et un soutien clair de la région, de la région du Moyen-Orient, de la région de l'Afrique du Nord et du peuple libyen lui-même", a-t-il souligné. Pour sa part, le secrétaire général de l'OTAN, a fortement condamné le recours à la force contre le peuple libyen jugeant "scandaleuse" la violation des droits de l'Homme et des lois humanitaires internationales. En réaction à l'utilisation de blindés et d'avions contre les opposants libyens, M. Rasmussen a indiqué que "ces attaques généralisées et systématiques contre les populations civiles peuvent être considérées comme des "crimes contre l'humanité" ajoutant que l'alliance "n'interviendra pas en Libye sans mandat de l'ONU". Cette dernière ainsi que des organismes partenaires ont lancé lundi un appel de fonds de 160 millions de dollars (114 millions d'euros) pour "répondre aux besoins actuels et futurs des personnes qui ont fui ainsi que ceux des personnes affectées par le conflit en Libye pour les trois prochains mois" La poursuite des combats et la contre-offensive des forces restées fidèles au colonel El-Gueddafi ont également fragilisé les marchés avec des pertes en matière de production et d'exportation de pétrole et de gaz libyens qui pourraient être plus importantes et de plus longue durée. "Ces événements augmentent l'incertitude, déjà très grande, sur l'avenir de ce pays et de son secteur pétrolier et gazier à court terme", selon un expert dans le domaine énergétique, Francis Perrin. Au plan international, l'étau se resserre autour du colonel El-Gueddafi, qui s'accroche au pouvoir après 42 ans de règne absolu. Après avoir gelé les avoirs et interdit de visa le guide libyen ainsi que 25 responsables libyens, l'Union européenne a annoncé lundi préparer de nouvelles sanctions financières contre Tripoli, visant notamment la Libyan Investment Authority (LIA), un fonds souverain du gouvernement libyen, qui gère les revenus pétroliers du pays. Au total, cinq "entités" sont visées par ce nouveau train de sanctions, qui sera formellement approuvé mardi matin si d'ici là aucune objection n'est formulée par les 27 gouvernements européens, ont précisé des diplomates européens. A Washington, le président américain Barack Obama a mis en garde les collaborateurs du guide libyen les prévenant qu'ils "devraient rendre des comptes sur les violences" qui secouent actuellement leur pays. "C'est à eux qu'il revient de choisir comment ils vont agir à l'avenir. Ils devront rendre des comptes", a souligné M. Obama dans ce sens.