La polémique en Egypte s'amplifie autour des amendements constitutionnels proposés au moment où les préparatifs vont bon train pour l'organisation d'un référendum samedi prochain sur ces amendements. La commission en charge de l'amendement de la constitution formée par le conseil suprême des forces armées avait proposé neuf amendements visant particulièrement la réduction des conditions de candidature à la magistrature suprême, la limitation à deux mandats consécutifs de quatre ans chacun outre la question de l'état d'urgence. Le conseil suprême des forces armées a appelé lundi sur sa page officielle Facebook, les Egyptiens à se rapprocher des commissions du référendum pour "enrichir cette exprérience démocratique qui sera retenue par l'Histoire". L'armée a d'autre part, mis en garde contre l'organisation de marches ou de rassemblements afin de réunir toutes les conditions nécessaires à l'organisation du référendum. Cependant, les avis des partis et personnalités politiques restent partagés à ce sujet. Mamdouh Chahine, vice-ministre de la défense aux affaires constitutionnelles et judiciaires, membre du conseil suprême des forces armées a indiqué que les 9 articles amendés s'inscrivent au titre d'une constitution provisoire dans l'attente de l'élaboration de la nouvelle après éléction du nouveau président. Les frères musulmans et la parti national ont appelé à soutenir ces amendements. Le dirigeant du mouvement des Frères musulmans Hamdi Hassen a estimé pour sa part, que les amendements proposés sont suffisants pour gérer la période de transition jusqu'au retour de la stabilité. Le fondateur du parti Karama (dignité) et candidat à la présidence, Hamdine Sebahi a qualifié les amendements de "bons", craignant qu'un vote négatif ne remette à l'ordre du jour l'ancienne constitution en panne ou ne mène à l'élaboration d'une nouvelle constitution, ce qui rallongerait la période de transition. La Coalition des jeunes de la révolution, le parti de soutien à El-Baradeï, le parti du rassemblement, le parti du front démocratique, des forces politiques et des personnalités rejettent, quant à eux, les amendements constitutionnels proposés. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, également candidat à la présidence, a, lui aussi, affirmé qu'il votera contre la série d'amendements. Il a en revanche appelé à l'élaboration d'une déclaration constitutionnelle qui couvrirait la période de transition et préparerait le terrain à l'élection présidentielle qui doit précéder les législatives. Pour M. Moussa, l'élaboration d'une nouvelle constitution reste la priorité de l'action politique égyptienne. Ceci doit être stipulé dans la déclaration constitutionnelle proposée, a-t-il précisé. L'opposant Mohamed El-Baradeï a, pour sa part, exprimé son rejet d'un "rapiéçage" de la constitution actuelle, appelant à mettre en place une feuille de route claire pour mener l'Egypte vers un véritable système démocratique. Ceci passe, a-t-il dit, par la formation d'un conseil présidentiel formé de deux civils et d'un militaire qui gèrerait le pays pendant une période de transition allant jusqu'à deux ans, au cours de laquelle une assemblée constituante serait formée pour élaborer une nouvelle Constitution. Le tribunal administratif du conseil de l'Etat examinera, mardi, la requête introduite par des avocats et des juristes pour l'annulation du référendum relatif aux amendements constitutionnels. Des militants et des académiciens égyptiens comptent organiser un mouvement de protestation pour dénoncer ces amendements.