Le Centre de recherche du Congrès américain a dressé un rapport accablant sur la violation des droits de l'homme des Sahraouis par le Maroc et évoque des mesures prises par les deux institutions parlementaires américaines pour contraindre ce pays à respecter ces droits dans les territoires occupés du Sahara occidental. Cet organisme du Parlement américain rapporte, dans son document, destiné aux membres de la Chambre des représentants et du Sénat, les exactions pratiquées contre les Sahraouis ainsi que les mesures coercitives menées contre les organisations internationales des droits de l'homme et les médias qui traitent de cette question. Il cite notamment l'assaut militaire mené par les forces marocaines en novembre dernier contre le camp sahraoui de Gdeim Izik, qui a "entraîné des décès, des blessés et des arrestations", ajoutant que "le nombre exact des victimes demeure inconnu en raison du contrôle de l'information dans la région par les autorités marocaines". Autre cas relevé par le rapport est celui de l'expulsion en 2009 vers Lanzarote (îles Canaries) de Aminatou Haidar, militante sahraouie des droits de l'homme, qui n'avait pu retourner à El-Ayoun, rappelle le rapport, que sur la pression internationale dont celle des Etats-Unis. Considéré comme le Think Tank du Congrès américain, ce centre de recherche précise que, depuis plusieurs années, "le Maroc emprisonne les militants sahraouis pour leurs liens avec le Front Polisario, attirant les critiques des organisations internationales de défense des droits de l'homme". Il rapporte aussi que le gouvernement marocain traite "durement" les journalistes locaux et étrangers qui traitent de la question du Sahara occidental, en allant jusqu'à "suspendre leurs activités". Abordant la question de l'aide financière américaine accordée annuellement au Maroc, le rapport signale que des membres du Congrès américain ont appelé à réduire cette assistance en raison, notamment, de la question du Sahara occidental. Sur ce point, l'auteur du rapport fait savoir que "dans l'exposé des motifs d'une des dispositions des affectations budgétaires des lois de finances respectivement de 2008, 2009 et 2010, les législateurs ont chargé la secrétaire d'Etat d'élaborer un rapport sur les mesures prises par le gouvernement marocain pour protéger les droits de l'homme et de vérifier s'il permettait à toutes les personnes à défendre librement leurs points de vue concernant le statut et l'avenir du Sahara occidental à travers l'exercice de leurs droits d'expression et de rassemblement pacifique et à pouvoir rapporter les cas de violations des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés sans être harcelées Préoccupé par la poursuite du non-respect des droits de l'homme des Sahraouis par les autorités marocaines, le Congrès n'a pas limité son action à cette mesure. En effet, poursuit le rapport, "la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants a décidé, en janvier 2011, de bloquer temporairement l'octroi d'une aide des Etats-Unis au Maroc pour un montant de 1,34 million de dollars, invoquant ses inquiétudes au sujet des droits de l'homme au Sahara occidental". Le rapport fait également savoir qu'un amendement proposé par le sénateur Patrick Leahy et approuvé par le Sénat pour être introduit dans la loi de finances, stipule que "l'aide financière militaire accordée au Maroc par les Etats-Unis ne pourra aller au-delà des deux (2) millions de dollars que si le secrétaire d'Etat atteste que le gouvernement marocain aura cessé de persécuter, de détenir des individus et d'engager des poursuites contre ces derniers pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions concernant la statut et l'avenir du Sahara occidental, et pour avoir rapporté des cas de violations des droits de l'homme, et que le Maroc aura permis, sans aucune entrave, l'accès au Sahara occidental pour les organisations internationales des droits de l'homme, les journalistes et les représentants des gouvernements étrangers". Réagissant à ce rapport, le représentant du Front Polisario à Washington, Mouloud Saïd, a déclaré à l'APS que "malgré le lobby marocain et ses tentatives de désinformation sur la situation qui prévaut dans les territoires occupés du Sahara occidental, le Centre de recherche du Congrès a, ainsi, établi un rapport qui dévoile clairement les violations des droits de l'homme perpétrées par le Maroc, et rapportées également par les organisations internationales des droits de l'homme". A cet effet, ajoute-t-il, le Front Polisario "appelle le gouvernement américain à intervenir afin que le Maroc cesse ses actes de répression et de trouver les moyens de protéger les Sahraouis sous occupation marocaine''. Evoquant les militants sahraouis qui croupissent dans les prisons marocaines sans aucun procès et la campagne de répression menée dans toutes les grandes villes du Sahara occidental occupé, le représentant sahraoui affirme que "cette situation insoutenable exige une réponse ferme de la communauté internationale et une nécessité urgente pour que les Nations unies incluent le mécanisme de surveillance des droits de l'homme dans le mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental" (Minurso).