Le monde du travail, tous secteurs confondus, a été marqué ces derniers mois et, en définitive, durant toute la décennie écoulée, par de nombreux conflits sociaux, particulièrement pour des revendications salariales, émaillés néanmoins de réunions tripartites syndicat-patronat-gouvernement donnant lieu à des résultats à mettre à l'actif d'une démarche de dialogue et de concertation. Le secteur de la Fonction publique et le secteur économique public et privé ont vu de nombreux mouvements de protestation se déclencher à l'appel de syndicats autonomes ou de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et souvent ponctués de négociations qui ont fini par désamorcer la crise. A titre d'exemple, le secteur de l'Education nationale, à lui seul, a connu des grèves récurrentes qui se sont estompées avec l'adoption du Statut général des travailleurs de la Fonction publique et les augmentations de salaires correspondantes Sur la période 2006 - 2011, la Fonction publique a vu la promulgation d'un statut général, le 1er janvier 2008, avec la revalorisation des rémunérations dans ce secteur touchant exactement 1.719.251 fonctionnaires et agents publics. L'incidence financière annuelle globale résultant des augmentations salariales dans ce secteur seulement s'élève à 493 milliards de dinars (DA). Ainsi les revalorisations pour les différents grades dans le secteur de l'Education nationale se situent entre 5.904 DA et 22.567 DA. Pour ce qui est de l'enseignement supérieur, les revalorisations se situent entre 21.234 et 169.344 DA. De même pour le secteur de la formation et de l'enseignement professionnels qui a connu, à son tour, des revalorisations substantielles comprises entre 5804 et 19.845 DA. S'agissant des employés du secteur de la jeunesse et des sports, cette augmentation s'est traduite par des revalorisations des rémunérations allant de 5.807 Da à 19.290 DA. Suite à l'adoption du Statut général de la Fonction publique, il y a eu l'adoption de 53 statut particuliers, en plus de 8 autres statuts particuliers qui sont en cours de validation. A propos du secteur économique public, rien que pour l'année 2007, pas moins de 30 conventions collectives de branches ont été finalisées pour 226 conventions collectives d'entreprises. L'année 2007 a vu aussi le nombre le plus élevé d'accords salariaux paraphés dans le secteur économique public, soit 699 accords pour 551 en 2008 et 424 en 2009. Le secteur économique privé a connu, dans la même lancée, un nombre important d'accords salariaux qui s'élèvent, uniquement pour l'année 2008, à 1.356 accords. Ce dialogue social a ainsi permis dans le secteur économique (public et privé), selon un bilan établi par l'UGTA, pour la période allant de 1991 à 2009, une augmentation moyenne des salaires et du régime indemnitaire de 30%, touchant 5.665.000 salariés. Pour ce qui est de l'année 2010, il a été procédé aussi, dans le secteur économique public, à la finalisation de 80 conventions collectives de branches, 98 conventions collectives d'entreprises, agrémentées de 715 accords salariaux. Ces accords ont touché un effectif global de 1.582.462 employés du secteur public et de 1.262.336 employés du secteur privé, soit un total de 2.844.798 employés avec une augmentation moyenne des salaires et du régime indemnitaire de l'ordre de 35%. Le salaire minimum national garanti (SNMG) a connu, de son côté, des augmentations successives en l'espace de 9 ans, passant de 8000 DA, en 2001, à 15.000 DA en 2010. Les retraites et les pensions ont été revalorisées, suite à 13 rencontres réparties en 8 bipartites et 5 triparties, de 1991 à 2010. Ainsi, sur décision du chef de l'Etat, au moins 900.000 retraités et invalides, dont les pensions étaient inférieures à 10.000 DA, ont bénéficié, en 2006, d'un indemnité complémentaire nécessitant une enveloppe financière de 14 milliards de dinars, en plus d'un affranchissement de l'impôt sur le revenu global (IRG), en 2008, à toutes les pensions inférieures à 20.000 DA. Aujourd'hui, les contestations sociales qui secouent le pays dans presque tous les domaines d'activité trouvent du répondant du côté des autorités publiques, au grand soulagement avoué de larges catégories de travailleurs protestataire, même si on ne connaît pas encore les conséquences économiques et sociales à long terme des dépenses budgétaires supplémentaires -non encore chiffrées- qu'engendre la réponse aux revendications jugées légitimes des travailleurs, s'interrogent les observateurs.