PARIS - Des dizaines de personnes, dont des militants des droits de l'homme, ont tenu vendredi un sit-in devant l'ambassade du Maroc à Paris pour exiger la libération d'un champion du monde de Light contact en 1999 à Malte, Zakaria Moumni, "arbitrairement" emprisonné au Maroc. Mobilisés par le comité "Libérez Zakaria Moumni", les contestataires arboraient une large banderole sur laquelle on pouvait lire : "Zakaria Moumni : champion du monde emprisonné. Pour la Maroc : une médaille d'or. Pour le champion : torture et prison". Selon le secrétaire général de l'Association de défense des droits de l'homme au Maroc (ASHOM), Ayad Ahram, la "mésaventure" de Zakaria débute lorsque, conformément à un dahir (décret) royal daté du 9 mars 1967, il réclama un poste de conseiller sportif au sein de la Fédération marocaine. "Zakaria n'en a pas bénéficié et quand il a osé réclamer ce droit, il s'est vu condamner à 3 ans de prison ferme le 4 octobre 2010 dans un procès monté de toutes pièces", a-t-il indiqué à l'APS, ajoutant que le jeune athlète a été enlevé le 27 septembre 2010 à l'aéroport de Rabat à sa descente de l'avion en provenance de Paris où il vit depuis plusieurs années avec sa femme de nationalité française. "Il a été conduit discrètement, les yeux bandés, au centre de torture de Témara où il a subi les pires sévices. Sous la torture et les yeux toujours bandés, il a signé des documents qui vont le faire condamner dans un procès expéditif, tenu le jeudi 30 septembre 2010 sans avocat, ni témoins, dans une salle quasi vide", a-t-il poursuivi. Selon son épouse, Taline, ce rassemblement "n'est qu'une première étape pour la libération de Zakaria". "Je ne m'explique pas à ce jour pourquoi il a été emprisonné alors qu'il ne demandait qu'un droit, celui d'un poste prévu par un Dahir auquel il ouvrait droit", a-t-elle confié. Portant la médaille que son époux avait glanée à Malte en 1999, elle s'est dite "décidée à saisir toutes les hautes autorités en France pour la libération de Zakaria qui a payé l'audace d'avoir voulu, à travers des écrits de presse, porter son affaire à la connaissance du Roi dont l'entourage semble faire écran". Condamné à trois ans de prison pour "escroquerie", Zakaria Moumni est actuellement détenu dans la prison de Roummani, à 200 kms de Rabat, selon son épouse, qui regrette un "troisième transfèrement de son époux, au bout de quelques mois, sans même que les deux plaignants qui l'accusent d'escroquerie ne soient à ce jour identifiés".