ALGER - La justice des mineurs est une justice préventive et non une justice répressive, les spécificités des enfants devant être prises en compte dans le traitement des affaires liées à la délinquance juvénile, ont indiqué jeudi à Alger des experts en justice des mineurs. Des juges pour enfants, psychologues et représentant du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) ont souligné l'importance de mettre en avant le soin et non la sanction dans les cas de délinquance juvénile, lors d'une journée d'étude sur la justice des mineurs. La représentante de l'UNICEF à Alger, Doria Merabtine, a affirmé que l'enfant, qui est différent de l'adulte de par son "immaturité cognitive et psychosociale", doit bénéficie d'un traitement spécifique et des garanties procédurales. Elle a expliqué que l'enfant est un être "malléable" qui possède un grand potentiel de réhabilitation et dont la délinquance doit être perçue comme un "passage obligé" et non comme un signe de chronicité. Les règles de la justice juvénile exigent une justice spécifique, des cours spécialisées, une formation, un travail collectif et l'assurance d'une prise en charge globale, a-t-elle précisé.Merabtine a rappelé, à cette occasion, l'ensemble des principes onusien et des conventions internationale relatives aux droits de l'enfant et à la justice des mineurs, relevant que la communauté internationale parle de plus en plus de justice des enfants et non des mineurs. Ces principes stipulent que la prévention de la délinquance juvénile doit être "globale" et prendre en considération la réintégration sociale, de même qu'elle ne peut se limiter au champ de la justice mais doit englober tous les domaines relatifs à l'enfance et à l'adolescence, a-t-elle détaillé. L'école, les services communautaires, les associations et les médias doivent être impliqués et aider les jeunes à faire les bons choix pour faire face à la délinquance juvénile, a recommandé la représentante de l'UNICEF. Elle a rappelé aussi les règles minima des Nations unies pour l'administration de la justice des mineurs, qui reposent sur un traitement équitable et humain des délinquants mineurs, le recours à des solutions extrajudiciaires, la prise en compte de la parole de l'enfant et la détention en dernier ressort. La privation de liberté pour un mineur, selon les règles des Nations unies, doit être l'ultime étape et la plus brève possible, mais uniquement dans les cas graves, car "la prison peut être une école de délinquance", a-t-elle dit. La juge des mineurs Sakhri Mebarka a noté que la législation algérienne a adopté ces règles internationales qui sont des "principes directeurs" n'ayant pas un caractère contraignant. Le sous directeur de la justice pénale au niveau du ministère de la Justice, Mourad Sid Ahmed, partage également l'idée que la justice des mineurs est rééducatrice et préventive et diffère de la justice pénale. Il a expliqué que cette journée d'étude a pour objet de réunir des professionnels travaillant dans des domaines concernant l'enfant : magistrats, cadres du ministère de la Solidarité nationale (chargé de l'accueil et du suivi des mineurs en conflit avec la loi ou en danger moral) et associations. Un pont de communication entre ces différents acteurs est "indispensable" du point de vu de ce responsable qui a souligné que cette rencontre permettra d'aborder les questions et problèmes d'ordre législatif, mais aussi d'ordre organisationnel. La rencontre s'est poursuivie par une intervention de Meriam Chorfi, juge des mineurs, autour de la justice des mineurs en Algérie, ses points forts et ses faiblesse, et une autre intervention autour de la prise en charge psychologique des enfants victimes et des enfants délinquants. La journée d'étude, qui sera sanctionnée par des recommandations, est organisée par le ministère de la Justice. Deux journées similaires sont prévues à l'est et l'ouest du pays dans les prochains jours. Ces journées se tiennent à l'occasion des journées mondiale et africaine de l'enfance qui coïncident respectivement avec le 1 et 16 juin.