ALGER - La révision de la Constitution devrait être confiée à une Assemblée constituante "représentative" du peuple et dont les membres seraient "élus au suffrage universel", a recommandé samedi à Alger le président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH), M. Boudjemaa Ghechir. Dans une déclaration à la presse, à l'issue de sa rencontre avec les membres de l'Instance de consultations sur les réformes politiques, M. Ghechir a ainsi mis l'accent sur le recouvrement de la "souveraineté" du peuple à travers une Assemblée constituante ainsi que le rétablissement de sa confiance envers l'Etat par "la lutte contre la corruption". Expliquant les suggestions de la LADH en matière de révision de la Constitution, M. Ghechir a précisé qu'elles concernaient "la séparation entre les pouvoirs, l'indépendance de la justice, la définition de la relation entre le parlement et les autres institutions ainsi que la relation Gouvernement-Président de la République". En ce sens, il a estimé qu'il serait "souhaitable d'aménager la Constitution pour rendre possible, à l'avenir, une éventuelle cohabitation" entre le président de la République et le gouvernement. M. Ghechir, qui présidait une délégation de la Ligue à ces consultations, a également suggéré la "suppression" du Conseil constitutionnel pour le remplacer par une Chambre constitutionnelle à la Cour suprême. M. Ghechir a également estimé que la révision des lois, notamment celles relatives aux associations et à l'information, avant l'adoption d'une nouvelle Constitution risquait de porter "atteinte" aux acquis et principes même de la Loi fondamentale du pays. Enchaînant sur la place de la femme dans la société algérienne, il a estimé "opportun" de promouvoir une politique en vertu de laquelle les femmes se verraient réserver "d'office" un certain nombre de postes de responsabilités politique, administratives et électives, ce qui renvoie au système des quotas. Le président de la LADH a par ailleurs plaider pour la "régionalisation", avec un découpage administratif du territoire en grandes régions. L'Instance de consultations est représentée par son président, M. Abdelkader Bensalah, assisté de MM. Mohamed Touati et Mohamed Ali Boughazi. Depuis le début de ces consultations, entamées le 21 mai dernier, plusieurs délégations de partis politiques, des personnalités nationales et des représentants de la société civile ont été reçus. Au terme de ces consultations qui se poursuivront jusqu'à la fin du mois de juin prochain, un rapport final détaillé, reflétant "fidèlement" les avis et les propositions émis par les participants, sera soumis au président de la République. Les propositions seront ensuite présentées au gouvernement qui élaborera, sur cette base, des projets de loi à soumettre à l'Assemblée populaire nationale en septembre prochain. Le président de la République avait annoncé dans son discours à la nation du 15 avril dernier, des réformes politiques englobant une révision, en 2011, de l'essentiel du dispositif législatif national (loi électorale, loi sur les partis politiques, loi sur les associations, code de l'information, code de wilaya...) et devant être parachevées, après les législatives de 2012, par un amendement "en profondeur" de la Constitution.