ALGER - Les autorités yéménites coopéraient mercredi avec la commission de l'ONU chargée de faire la lumière sur de "probables" violations des droits de l'homme ayant émaillé le mouvement de contestation contre le président Ali Abdellah Saleh alors que les combats entre armée et éléments d'Al-Qaida, ont repris de plus belle dans le sud du pays. Résolu à mettre à disposition de la commission onusienne tous les moyens pour réussir son travail, le ministre de l'intérieur yéménite, Motahar Rashad Al Masri, a évoqué mercredi, lors de discussions avec les enquêteurs de l'ONU, les causes et les conséquences de la crise que traverse le pays depuis des mois mettant en exergue les efforts déployés par Sanaa afin de ramener la paix et la stabilité dans le pays. Lors de cette rencontre, le ministre yéménite a tenu à faire connaître aux enquêteurs onusiens la situation critique des forces de sécurité, "victimes d'agressions commises par l'opposition" justifiant ces propos par plusieurs des rapports. Outre les agressions contre les forces de l'ordre, le siège du ministère de l'Intérieur ainsi que des sites voisins, ont, selon le ministre de l'Intérieur, été endommagé par de nombreuses frappes lancées par l'opposition. Lors de sa mission au Yémen, la commission onusienne doit, en outre, évaluer la situation humanitaire prévalant dans le pays, six mois après le début des manifestations populaires réclamant le départ du président Ali Abdellah Saleh du pouvoir. La veille, les enquêteurs ont été reçus par le vice-président Abd Rabbou Mansour Hadi, qui, en l'absence de M. Saleh, gère actuellement les affaires du pays. Le vice-président yéménite avait mené un dialogue avec l'opposition qui a abouti à une trêve et à l'arrêt des violences, après l'échec de la médiation du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pour une issue pacifique au conflit. Cette initiative a été favorablement accueillie par Moscou, qui par la voix de son chef de diplomatie, Serguei Lavrov, exprimé son soutien à "l'engagement d'un dialogue politique entre les différentes parties concernées visant à normaliser la situation dans le pays et examiner les moyens de rétablir la vie politique, sociale et économique", selon l'agence Ria Novosti. Ces initiatives diplomatiques visant le règlement du conflit interviennent alors que les affrontements entre l'armée et des éléments armés affiliés au réseau terroriste d'Al-Qaïda ont repris de plus belle dans le sud du pays. Déclenchés dans la matinée, d'intenses combats se sont poursuivis dans l'après-midi aux alentours de Zinjibar, une ville du sud, tenue par Al-Qaïda, faisant pour l'heure "48 morts, dont 30 militaires, 14 insurgés et quatre civils", selon des sources militaires. Très actifs dans le sud et l'est du Yémen, ces éléments armés liés à Al-Qaïda, ont pris le 29 mai le contrôle de Zinjibar où ils ont depuis encerclé le 25e bataillon mécanisé, que l'armée tente de reprendre le contrôle. Les violences dans le sud du Yémen surviennent au moment où, le président Saleh, blessé lors d'une attaque contre le palais présidentiel début juin et hospitalisé depuis en Arabie saoudite, devrait prononcer un discours qui sera diffusé après jeudi et faire ainsi sa première apparition après cette attaque.