ALGER - Le Sud-Soudan proclame officiellement samedi son indépendance vis à vis du Nord, six ans et demi après la conclusion d'un accord de paix global ayant mis fin à plus de deux décennies de guerre civile entre Nordistes et Sudistes, alors que plusieurs questions clés restent en suspens, telles que la délimitation des frontières et le partage des revenus du pétrole. La partition du plus grand pays d'Afrique en deux nations intervient six mois après un référendum sur la sécession du Sud-Soudan prévu dans l'accord de paix global (CPA), signé en janvier 2005 au Kenya, qui stipulait l'organisation de ce vote et accordait une large autonomie à cette région pendant six ans. Le référendum organisé du 9 au 15 janvier a été approuvé par 99% des citoyens qui se sont prononcés pour la création d'un nouvel Etat lors de ce scrutin organisé sans incident majeur et dont Khartoum a promis qu'il respecterait les résultats. Samedi, des millions de Sud-Soudanais, ainsi que 30 dirigeants africains et de hauts responsables d'autres pays assisteront à Juba (capitale sudiste) aux cérémonies marquant la naissance, de la plus jeune nation au monde et du 54e Etat souverain du continent. Le président soudanais Omar al-Bachir, qui s'était engagé au lendemain du référendum, à maintenir "de bonnes relations avec le Sud fondées sur la coopération" a confirmé sa participation aux célébrations de Juba où, selon des responsables sudistes, il sera l'invité d'honneur. Au programme des célébrations, des parades militaires, des danses traditionnelles, une cérémonie pour hisser le drapeau de la République du Sud-Soudan et la signature de la Constitution transitoire par le premier président du nouveau pays, Salva Kiir, selon les organisateurs. "C'est quelque chose que les gens attendaient depuis plusieurs années. C'est un moment que nous célébrerons avec joie", a affirmé récemment à la presse Mangar Gordon Marial, un porte-parole officiel du gouvernement du Sud-Soudan qualifiant le jour de l'indépendance du Sud-Soudan de "jour de la liberté". Pour le ministre de l'Information sud-soudanais Barnaba Marial Benjamin, cet évènement "sera une occasion historique pour tout le peuple qui a traversé cette route longue et difficile en vue de la naissance de cette nation". "Nous savons tous que nous allons faire face à plusieurs défis. Nous y ferons face unis, en paix et indépendants et nous construirons un pays stable et prospère", a-t-il affirmé. Ces défis sont notamment des heurts armés sanglants à la frontière, des indicateurs sociaux qui font de la région l'une des moins développés de la planète et des différends avec Khartoum concernant la période post-scission, des questions qui feront l'objet de négociations entre le Nord et le Sud, selon l'Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l'est (IGAD). Cette organisation, qui groupe six pays d'Afrique de l'est, a tenu lundi une réunion au sommet d'une journée à Addis Abeba à laquelle ont assisté le président el-Bachir et son homologue du Sud, Salva Kiir. Dans un communiqué, l'IGAD a "félicité vivement" les deux dirigeants "d'avoir accepté de poursuivre les négociations" après le 9 juillet (jour de l'indépendance du Sud-Soudan) pour résoudre toutes les questions en suspens dans le cadre de l'accord de paix global, signé en janvier 2005 entre les deux parties, y compris sur le statut de la région disputée d'Abyei, sur la délimitation des frontières, le pétrole et la dette. Les tensions sont montées d'un cran après l'occupation par les nordistes le 21 mai de la région d'Abyei poussant 117.000 Sudistes à fuir. Un accord pour démilitariser Abyei et pour y déployer 4.200 Casques bleus éthiopiens a été conclu le 20 juin. Deux semaines après l'occupation d'Abyei, le Kordofan-Sud, territoire également frontalier a été la proie de violents affrontements entre les forces nordistes et la branche nordiste de la SPLM (Mouvement populaire de libération du Soudan, ex-rebelles sudistes) qui ont fait des centaines de morts. Par ailleurs, la question de l'adhésion du Sud-Soudan à l'ONU comme le 193e Etat membre, sera au centre d'une réunion, le 13 juillet, du Conseil de sécurité de l'ONU. Selon le Représentant permanent de l'Allemagne auprès des Nations Unies, Peter Wittig, qui occupe la présidence tournante du Conseil de sécurité pour le mois de juillet, l'ONU se prépare à la prochaine phase de son rôle dans la région, à la fois sur le terrain et au siège des Nations Unies à New York avec l'arrivée de ce nouvel Etat membre.