Le Sud-Soudan est au centre de l'attention médiatique à la veille du début du référendum sur l'indépendance de cette vaste région sous-développée d'Afrique. Le rendez-vous historique de demain marquera l'avenir du pays. Le Soudan est arrivé à cette «solution» extrême après un accord de paix entre les belligérants. L'accord de paix en question qui a mis fin, en 2005, à vingt-deux ans de guerre civile Nord-Sud prévoyait, dans la foulée, la tenue d'un référendum d'autodétermination du Sud-Soudan le 9 janvier 2011. Et cette fameuse échéance est bel est bien arrivée. Le rendez-vous a été tenu malgré des flottements dans l'organisation du scrutin qui avaient fait craindre son report, voire un retour à la guerre entre le Nord, musulman et en grande partie arabe, et le Sud chrétien. Ainsi donc, près de quatre millions de Sudistes se sont inscrits pour participer au scrutin. Ce dernier doit se dérouler sur une semaine à partir de demain. L'opération est plus compliquée qu'elle n'y paraît et les résultats ne seront connus que bien plus tard. L'option sécessionniste, la plus probable, pourrait mener dès juillet, à la fin de la période intérimaire de six ans initiée par l'accord de paix de 2005, à la partition pure et simple du plus vaste pays d'Afrique. Les Occidentaux, dont les Etats-Unis, semblent favorables à une scission du Soudan. La pression va crescendo. Après le sénateur John Kerry, l'ex-président américain Jimmy Carter, à la tête d'un centre qui observe le processus électoral, c'est l'envoyé spécial de la Maison-Blanche Scott Gration qui arrive à Khartoum. L'autre région du contentieux, Abyei, est une zone située à la lisière du nord et du sud du pays et riche en pétrole. Un référendum sur le rattachement de cette enclave à l'une des deux régions a été encore une fois renvoyé aux calendes grecques. La situation n'est pas exempte d'ingrédients explosifs. Des affrontements entre tribus rivales, les Sudistes Dinka Ngok et les Nordistes Misseriya, menacent dans cette zone. A la veille du référendum, des questions restent en suspens. Le Sud-Soudan a-t-il le potentiel pour construire une nation prospère ? Avec une stabilité régionale, une crédibilité diplomatique en Afrique et dans le monde arabe ? La réalité sur le terrain pousse vers le pessimisme. Région sous-développée de plus de 8,5 millions d'habitants, nichée au cœur du continent africain, le Sud-Soudan deviendrait indubitablement en cas d'indépendance l'un des pays les plus pauvres du monde. En visite à Juba, la capitale sudiste, il y a quelques jours, le président Omar El Bachir s'est montré curieusement complaisant : «Personnellement, je serai triste en cas de division du Soudan. Mais je célébrerai votre décision, même si vous choisissez la sécession.» M. B.