«Nous allons annoncer aujourd'hui (hier soir), devant le monde entier, que nous acceptons les résultats et que nous respectons le choix des Sud-Soudanais», a déclaré M. Bechir dans un discours. Les résultats définitifs du référendum sur l'avenir du Sud-Soudan, attendus hier soir, devraient consacrer la victoire de l'option indépendantiste et donner naissance en juillet à un nouvel Etat en Afrique, une perspective acceptée d'avance par le Nord. Une cérémonie était prévue hier soir à 19h30 (16h30 GMT) à Khartoum pour la proclamation officielle des résultats définitifs du référendum qui s'est tenu du 9 au 15 janvier, en présence du président soudanais Omar El Bechir et du président de la région semi-autonome du Sud-Soudan, Salva Kiir. Cette annonce sera une simple formalité puisque selon les résultats préliminaires complets publiés le 30 janvier, 98,83% des Sud-Soudanais ont voté en faveur de l'indépendance de leur région. «Nous allons annoncer aujourd'hui, (hier soir) devant le monde entier, que nous acceptons les résultats et que nous respectons le choix des Sud-Soudanais», a déclaré M. Bechir dans un discours quelques heures auparavant. «Les résultats du référendum sont bien connus. Le Sud-Soudan a choisi la sécession. Mais nous nous engageons à maintenir les liens entre le Nord et le Sud, et nous nous engageons à maintenir de bonnes relations fondées sur la coopération», a-t-il ajouté. Le référendum, organisé du 9 au 15 janvier, était un élément clé de l'accord de paix qui avait mis fin en 2005 à deux décennies de guerre civile meurtrière entre le Nord, principalement musulman et arabe, et le Sud, principalement chrétien et noir. La communauté internationale a salué la clarté et la crédibilité du scrutin, malgré les défis logistiques. Selon les termes de l'accord, la séparation effective est attendue pour le 9 juillet. Les responsables nordistes et sudistes ont désormais moins de six mois pour se mettre d'accord sur des dossiers sensibles, dont la délimitation des frontières, le partage des revenus du pétrole ou encore le statut de la région contestée d'Abyei. Il faut ainsi trouver une formule de partage des revenus pétroliers, puisque 80% des réserves pétrolières du pays, estimées à plus de six milliards de barils, sont enfouies au Sud, mais que la région doit utiliser l'oléoduc traversant le nord du pays pour l'exportation. Les deux parties doivent aussi rapidement s'accorder sur le statut des centaines de milliers de Sudistes vivant toujours dans le Nord, de même que des Nordistes installés au Sud, pour éviter d'accélérer les vagues de migration déjà commencées. Dimanche, le président soudanais a assuré que les Sud-Soudanais installés au Nord n'avaient rien à craindre. Ils «seront protégés, ils ne seront pas expulsés et leurs biens ne seront pas confisqués ou leur vie menacées», a-t-il déclaré selon le quotidien Ajras al-Hurriya, proche des Sudistes. A ces sujets sensibles, s'ajoutent la démarcation de la frontière Nord-Sud, dont 20% demeure contestée, et la question d'Abyei, enclave située à la lisière du Nord et du Sud revendiquée à la fois par la tribu sudiste Dinka Ngok et par celle, nordiste, des Misseriya. Un référendum sur le rattachement d'Abyei au Nord ou au Sud était prévu le 9 janvier, mais il a été repoussé sine die. Des combats ayant fait jusqu'à 60 morts depuis janvier ont rappelé le caractère explosif de cette zone. La sécession du plus vaste pays d'Afrique risque de poser encore d'autres soucis. Ainsi, une rébellion d'anciens miliciens nordistes opposés au transfert vers le Nord de leurs armes de gros calibres a fait au moins 50 morts la semaine dernière dans l'Etat sudiste du Haut-Nil.