ALGER - Des experts arabes en relations internationales ont convenu, jeudi à Alger, que les révoltes populaires, survenues dans des pays arabes contre les régimes en place, revêtaient une signification "claire", même s'il est "prématuré" de pronostiquer sur leur devenir. Invités d'une rencontre-débat sur le thème "Le printemps des peuples arabes", organisée dans le cadre du 16e Salon international du livre d'Alger (Sila), ces experts ont toutefois expliqué que ces "révoltes" contribuaient d'une manière efficace à tracer un nouveau processus, politique, économique et social dans toute la région arabe. Pour eux, les peuples arabes qui ont investit les rues pour crier leur colère contre le "despotisme" de leurs gouvernants, à l'exemple de la Tunisie, l'Egypte, le Yémen et la Syrie se sont "libérés de l'injustice sociale" et "entendent instaurer la démocratie" dans la gestion des affaires internes de leurs pays. Cependant, estiment ces observateurs, la question de la politique internationale de ces pays reste "ambiguë", car le souci majeur des peuples "révoltés" est de parvenir à instaurer le Droit, l'égalité et la justice dans leurs pays respectifs. Pour ces experts, il est "urgent" pour ces pays de définir la nature de leur rapport à l'extérieur, afin de se prémunir, disent-ils, d'une éventuelle ingérence étrangère. Dans ce sens, le directeur et fondateur du Centre des recherches arabes et africaines du Caire, l'égyptien Hilmi Chaâraoui, s'est dit "préoccupé" de la qualité des relations extérieures de la région arabe avec le monde occidental dans le sillage du "printemps arabe", estimant que cette question reste "négligée", alors même qu'une "grande attention" devrait lui être accordée, a-t-il martelé. A ce propos, le sous-directeur du Centre des recherches arabes et africaines du Caire, l'égyptien Abdelghafar Choukr, a indiqué que "les forces étrangères ne doivent pas être la hantise" des pays arabes, où les peuples continuent à se soulever, suggérant une forte implication et un consensus "interne" de toutes les tendances politiques dans l'élaboration des projets de développement. Pour Choukr, l'apparition de problèmes et la persistance des dissensions "internes" rend les pays en question "fragiles", "vulnérables" et "exposés" à toutes les ingérences étrangères dans leurs affaires. A cet égard, l'écrivain et homme politique libanais, Fawaz Traboulsi, a préféré évoquer le cas de la Libye, pays dans lequel l'Otan a mené plusieurs frappes contre les forces alliées à El Gueddafi, soulignant qu' "il est impossible de croire" que les forces de cette coalition cherchent d'abord le soutien de la "révolte" du peuple libyen. Selon lui, l'intervention militaire de l'Otan en Libye est "claire" : elle "obéit" à des considérations géopolitiques.