ALGER - La Ligue arabe poursuit ses efforts pour mettre fin aux violences en Syrie après l'annonce par Damas de mesures pour la mise en œuvre du plan arabe de sortie de crise, alors que les manifestations antigouvernementales se poursuivaient mardi à travers le pays. En proie depuis des mois à un mouvement de contestation populaire réclamant le départ du régime du président Bachar Al-Assad, la Syrie a remis lundi à la Ligue arabe une lettre sur les mesures prises par le gouvernement en vue de mettre en oeuvre le plan arabe de sortie de crise. Selon le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Ahmad Ben Hali, ce message remis par le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem porte sur les mesures prises par Damas dans le cadre de la mise en œuvre de l'initiative proposée par l'organisation panarabe. Ce plan prévoit notamment un arrêt total des violences, la libération des personnes arrêtées dans le cadre des manifestations anti-gouvernementales et le départ de l'armée des villes et la libre circulation des observateurs et médias internationaux, avant l'ouverture d'un dialogue national. Afin d'assurer le suivi de la mise en œuvre du plan arabe, l'organisation panarabe est en train de finaliser la mise en place d'un mécanisme en ce sens, a affirmé lundi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani. L'organisation a déjà pris les dispositions nécessaires pour allouer un budget de fonctionnement destiné à soutenir les activités de ce comité de suivi, a précisé M. Belani, soulignant que l'Algérie, pour sa part, a déjà désigné les trois représentants qui siégeront au sein de ce mécanisme. Mais malgré l'accord donné au plan arabe par le gouvernement syrien, les violences ont continué de sévir dans le pays, faisant des dizaines de morts en majorité à Homs, dans le centre du pays, selon des militants des droits de l'Homme. La Ligue arabe avait annoncé dans un communiqué qu'elle se réunira de nouveau samedi prochain au niveau ministériel pour examiner la situation dans le pays "en raison de la poursuite de la violence", ajoutant que "le gouvernement syrien n'a pas respecté ses engagements à appliquer le plan arabe". Dimanche, le chef de la Ligue arabe Nabil Al-Arabi a exprimé "sa grande inquiétude vis-à-vis de la poursuite des violences en Syrie" mettant en garde contre des "conséquences catastrophiques" en cas d'échec des efforts arabes. Entre-temps, les violences se poursuivaient mardi dans le pays. A Homs (centre), deux personnes ont été tuées lors de perquisitions de l'armée syrienne, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Dans un autre quartier de Homs, "une fillette est morte dans l'explosion d'une roquette qui a touché sa maison", a indiqué l'ONG. La veille, des violents affrontements "à l'artillerie lourde" ont éclaté entre soldats et déserteurs présumés à Homs faisant des "dizaines de morts et de blessés dans les deux camps", toujours selon cette ONG. Selon le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, basé à Genève, le mouvement de protestation a fait plus de 3.500 morts ces derniers mois. "Plus de 60 personnes ont été tuées par les militaires et les forces de sécurité, dont 19 dimanche, jour de Aïd al-Adha", a précisé l'organisation onusienne. Elle a déploré également que "des dizaines de milliers de prisonniers demeurent en détention et des dizaines de personnes sont arrêtées tous les jours", alors que Damas a annoncé la libération de 553 détenus. Le gouvernement syrien attribue ces violences à des gangs armés qui cherchent à déstabiliser le pays, dénonçant "un complot étranger" contre la Syrie. Le chef de la diplomatie syrienne a fait état de plus de 1.100 membres des services de sécurité tués par "des groupes terroristes". Le régime syrien a accusé les Etats-Unis d'implication dans ces "évènements sanglants", en demandant à la Ligue arabe "de condamner cette implication et de faire le nécessaire pour y mettre fin". Depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars dernier, le président syrien Bachar Al-Assad a annoncé une série de réformes pour mettre fin à la crise, mais l'opposition accuse le régime de vouloir seulement gagner du temps.