ALGER - La suspension de la participation de la Syrie aux réunions de la Ligue arabe a soulevé dimanche diverses réactions internationales, certaines saluant une décision "forte" et d'autres appelant au dialogue inter-syrien et à préserver la souveraineté et l'unité du pays. En raison de la poursuite des violences en Syrie, les ministres arabes des Affaires étrangères ont décidé samedi de suspendre la participation des délégations syriennes aux réunions du Conseil de la Ligue arabe et de ses instances, tant que le plan arabe pour un règlement de la crise syrienne n'aura pas été mis en œuvre. A l'issue d'un conseil extraordinaire des ministres arabes au Caire, consacré à la crise qui secoue la Syrie depuis la mi-mars, le Conseil a également insisté sur la nécessité d'assurer la protection des civils syriens et d'engager le contact avec les organisations arabes spécialisées. Ces décisions de la Ligue arabe ont été favorablement accueillies par le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a salué "une position forte et courageuse concernant la situation en Syrie". Ban Ki-moon "prend note de la décision de suspendre la Syrie de participer aux réunions et aux activités du Conseil de la Ligue à partir du 16 novembre jusqu'à ce que la Syrie mette en œuvre tous ses engagements inscrits dans le programme de travail convenu le 2 novembre", a indiqué son porte-parole. Par la voix de leur secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, les Etats-Unis ont également salué "la position de principe prise par la Ligue arabe", exprimant leur soutien "à la mise en œuvre entière de ses efforts pour aboutir à une fin pacifique" à la crise que traverse la Syrie depuis mars dernier. "Aujourd'hui, la Ligue arabe a pris une position forte et historique visant à arrêter la violence en Syrie et à protéger les civils syriens'', a indiqué Mme Clinton dans un communiqué publié par le département d'Etat. La chef de la diplomatie américaine a réitéré son appel "à une cessation immédiate de la violence, pour un accès libre aux observateurs des droits de l'homme et aux journalistes, et pour que (le président Bachar) El-Assad se retire afin de permettre d'entamer une transition pacifique" dans le pays. Pour sa part, la Russie a annoncé sa décision de contribuer au lancement d'un dialogue inter-syrien, déplorant que certains représentants de l'opposition syrienne "boycottent toute initiative dans ce sens". "Nous en ressentons la responsabilité et entendons faire tout pour qu'un dialogue inter-syrien s'engage", a indiqué le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Sur cette question, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Mohamed Omar a réaffirmé dimanche la position de son pays rejetant "toute intervention étrangère" en Syrie, appelant à "préserver l'unité du pays dans toutes les circonstances". Le chef de la diplomatie égyptienne a ajouté que son pays insiste sur la nécessité de mettre fin à toute forme de violence pour assurer la protection des civils et sortir la Syrie de la crise par le biais du "dialogue". Ces éléments constituent le contenu du plan de sortie de crise de la Ligue arabe accepté auparavant par le régime syrien, il y a plus d'une semaine, a-t-il rappelé. D'autre part, le Liban, pays voisin de la Syrie qui a voté contre la décision de la Ligue arabe, a appelé dimanche l'organisation panarabe "à aider la Syrie à sortir de la crise" et à "préserver son unité et sa souveraineté". Le ministre libanais des Affaires étrangères, Adnane Mansour, a jugé que la suspension de la Syrie "ne va pas en faveur de la paix et de la stabilité de la région, mais elle va compromettre les bases de la coopération arabe commune". Plusieurs dizaines de milliers de Syriens manifestaient dimanche dans plusieurs villes du pays en soutien au président Bachar El-Assad et pour dénoncer. La décision de la Ligue arabe sur la Syrie a été cependant rejetée par Damas, l'ambassadeur syrien Youssef Ahmad l'ayant qualifiée d'"illégale et contraire au traité" de l'organisation panarabe. Selon lui, c'"est une décision qui met fin à l'action arabe commune, et prouve que l'administration (de la Ligue) suit un programme édicté par les pays occidentaux, dont les Etats-Unis accusés par Damas d'implication dans les évènements en Syrie. Depuis mars dernier, la Syrie fait face à un mouvement de contestation sans précédent réclamant le départ du président El-Assad. Des violences émaillent les manifestations dans le pays faisant des centaines de morts et de blessés.