ALGER - Le mouvement de contestation populaire en Syrie entrait dans son 9e mois mardi au lendemain d'une journée particulièrement sanglante avec plus de 70 morts et des dizaines de blessés lundi, alors que le gouvernement est décidé à entériner les réformes annoncées pour une sortie de crise. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 27 civils ont été tués lundi par des tirs des forces de sécurité et 34 soldats et 12 déserteurs présumés sont morts lors d'accrochages armés. "23 civils ont été tués lundi à Deraa par des tirs des forces de sécurité postés à des barrages" et quatre autres ont été tués à Homs (centre), un haut lieu de la contestation, selon l'OSDH. Toujours à Deraa, "34 soldats ont péri lors d'affrontements avec des hommes armés, vraisemblablement des déserteurs, dont 12 sont morts", ajoute l'OSDH, craignant un bilan plus lourd en raison de l'état grave d'un grand nombre de blessés. Le quotidien gouvernemental syrien "Techrine" a rapporté mardi que quelque 3230 personnes ont été tuées ou blessées dans la seule ville de Homs depuis le début, à la mi-mars, de la contestation populaire contre le régime en place. Mais le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, avait assuré lundi que son pays "sortira fort de la crise qu'il traverse par la mise en œuvre de réformes globales touchant aux différents domaines". Affirmant faire face à des "gangs terroristes armés" qui cherchent à semer le chaos en Syrie, M. Mouallem a affirmé que son pays "ne fléchira pas et sortira plus fort", soulignant que "les complots ourdis contre la Syrie échoueront". Toujours dans le cadre des efforts visant une sortie de crise, le gouvernement syrien a exprimé sa disposition à recevoir 500 membres d'organisations arabes des droits de l'Homme, de médias et des observateurs afin de s'enquérir de près de la situation prévalant dans le pays. Dans le cadre de l'application du plan de la Ligue arabe visant à mettre fin aux violences, des centaines de personnes arrêtées lors les manifestations anti-gouvernementales, n'ayant pas commis "des meurtres ou de destruction de biens publics ou privés", ont été libérées par les autorités syriennes, a indiqué mardi la presse syrienne. Un deuxième groupe de détenus sera libéré dans les prochains jours dans déférentes villes du pays. Ces nouveaux développements surviennent à la veille d'une réunion extraordinaire de la Ligue arabe sur la décision de l'organisation panarabe de suspendre Damas de ses travaux. Les ministres arabes des Affaires étrangères doivent se réunir à Rabat en marge d'un forum regroupant le même jour les pays arabes et la Turquie. La Ligue arabe avait décidé samedi de suspendre la participation de la Syrie à ses réunions jusqu'à ce qu'elle honore son engagement d'appliquer un plan arabe de sortie de crise prévoyant la fin des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation des médias. Cette décision a provoqué la colère de centaines de partisans du président Bachar al-Assad qui ont attaqué plusieurs représentations diplomatiques à Damas. A ce sujet, le chef de la diplomatie syrienne a tenu à présenter ses "excuses" , tout en espérant que "cela ne se répètera pas". Parallèlement, l'Union européenne a étendu ses sanctions contre le régime syrien visant 18 personnes, essentiellement des militaires, et a décidé dégeler des prêts européens dans le pays. Selon les derniers chiffres de l'ONU, les incidents violents, ont coûté la vie à 3.500 personnes. Damas fait état de son côté de 1.800 morts, pour la plupart des militaires.