WASHINGTON - La Banque mondiale et l'Union africaine ont décidé conjointement de réduire le coût des envois de fonds des immigrants africains vers l'Afrique grâce à la création d'une base de données qui contribuera à accroître la transparence des prix et à encourager la concurrence entre les prestataires de services. Intitulée ''Send Money Africa'' (envoyer de l'argent en Afrique), cette base de données est le fruit de plusieurs années de partenariat entre la BM, la Commission de l'Union africaine et les bailleurs de fonds. Ce dispositif permet aux migrants de comparer les tarifs pratiqués par les prestataires de services d'envois de fonds pour transférer un montant donné dans un pays donné, a indiqué mercredi la BM. Pour consulter cette base de données par les immigrants africains, ces derniers peuvent obtenir les informations à travers un site web édité en 8 langues (http://remittanceprices.worldbank.org/). Pour le Chef du Programme Diaspora africaine à la Banque mondiale, M. Richard Cambridge, ''Send Money Africa stimulera la concurrence entre les prestataires de services et entraînera une réduction des coûts. Les expéditeurs et destinataires d'envois de fonds pourront ainsi bénéficier de services de transfert transparents, efficients et moins coûteux''. Selon les chiffres de la BM, environ 120 millions d'Africains reçoivent un total de 40 milliards de dollars par an de la part de près de 30 millions de parents et d'amis expatriés. Toutefois, les migrants désireux d'envoyer de l'argent en Afrique ne disposent pas des informations nécessaires pour choisir le meilleur opérateur en terme de coût. A ce propos, la base de données de la Banque mondiale constate que l'Afrique est la destination la plus coûteuse en matière d'envois de fonds. Le coût moyen des transferts d'argent en Afrique dépasse 12 % du montant transféré, contre une moyenne mondiale de 9 %. ''En raison de leur caractère anticyclique, les envois de fonds jouent un rôle essentiel dans la vie des ménages pauvres. Toute réduction du coût des transferts devrait donc permettre aux migrants et à leurs familles de conserver plus d'argent'', souligne le Directeur du département des Affaires sociales à la Commission de l'Union africaine, M. Olawale Maiyegun. A l'heure actuelle, Send Money Africa fournit des données sur le coût de l'envoi et de la réception de montants relativement faibles (équivalant à 200 ou 500 dollars) en provenance de 15 grands pays expéditeurs dans le monde et en Afrique et à destination de 27 pays africains. Les études ont démontré qu'une réduction des frais d'envois de l'ordre de 5% par rapport au montant total devrait se traduire par un gain de 16 milliards de dollars supplémentaires par an pour les destinataires dans les pays en voie de développement. En Afrique, où les envois de fonds représentent la deuxième plus importante source d'apports étrangers après les investissements étrangers directs, ce surcroît de revenus permettrait aux destinataires des transferts et à leurs communautés de consommer et d'épargner plus et d'accroître leurs investissements dans l'économie locale. Par ailleurs, la base de données contient des informations utiles sur les différentes méthodes de transfert de fonds, le montant effectif des fonds reçus en monnaie nationale par les familles et les amis vivant dans le pays d'origine du migrant, les délais de transfert des fonds, les endroits où l'argent peut être collecté, les taux de change appliqués à la transaction. Send Money Africa est publié par le Groupe du Développement des Systèmes de Paiement au sein de la Vice-présidence de la Banque mondiale chargée du développement du secteur financier et du secteur privé, dans le cadre du Projet de l'Institut africain pour les envois de fonds des migrants (AIR), géré par les services du Programme Diaspora africaine de la Banque mondiale. Le projet AIR est financé par la Commission européenne et mis en oeuvre par la Banque mondiale en collaboration avec la Commission de l'Union africaine et ses Etats membres. Son objectif est de faciliter la création de l'Institut et d'accroître la capacité des Etats membres de l'Union africaine, des expéditeurs et destinataires d'envois de fonds et d'autres parties prenantes à mettre en oeuvre des stratégies concrètes et à utiliser des instruments opérationnels pour promouvoir le développement et réduire la pauvreté à travers le continent.