PARIS- Des associations de défense des droits de l'homme comptent organiser mardi prochain une navette en tramway en région parisienne et un rassemblement devant la préfecture de Bobigny pour "dénoncer la politique de stigmatisation des étrangers" en France. Dans un appel lancé mardi, ces associations disent constater chaque jour les "dégâts humains" de cette politique : aggravation de conditions sanitaires, interruptions de scolarité, rupture des liens établis avec le voisinage et les associations, destructions des biens accroissant la précarité. "Nous ne nous laisserons pas diviser et enfermer dans des catégories ethniques. Nous réclamons la mise en oeuvre d'une autre politique en faveur (à) de l'ensemble des migrants accueillis sur notre sol", soulignent les auteurs de l'appel. Ils relèvent qu'un an après le discours de Grenoble du président Nicolas Sarkozy et l'émotion médiatique provoquée à la fois par ses déclarations "xénophobes" et les discriminations à l'égard des Roms et des communautés, la situation "n'a fait qu'empirer". "Dans le cadre d'une politique marquée depuis plusieurs années par la stigmatisation des étrangers, le gouvernement a accéléré les destructions des bidonvilles et les expulsions de Roms migrants", ajoutent les contestataires, signalant que les expulsions du territoire continuent. Selon les signataires de l'appel, au cours des neufs premiers mois de 2010, plus de 60% des ressortissants étrangers reconduits aux frontières étaient Roumains et Bulgares. Le choix du tramway pour organiser une navette sur la ligne du tramway T1 à partir du marché de Saint-Denis avec à son bord des Roms et leurs soutiens est une manière de parodier la réquisition, le 31 août dernier, de ce moyen de locomotion par la Police pour déplacer des personnes expulser d'un terrain de Saint-Denis. L'opération avait suscité de vives réactions d'associations et de partis politiques qui avaient critiqué ce "tramway de la honte". Dans une décision rendue publique le 10 novembre 2011, le Comité de la Charte Européenne des droits sociaux a constaté que la France viole trois droits fondamentaux : le droit au logement, le droit des migrants et celui concernant les discriminations, dans le cadre de la procédure engagée après les expulsions de Roms à l'été 2010. Indépendamment de l'origine des personnes concernées, la première de ces violations vise aussi les collectivités, parties prenantes d'évacuations forcées d'habitats précaires sans relogement.