LE CAIRE - Le premier tour des élections législatives en Egypte débutera lundi à travers neuf provinces, dont le Caire sur fond de tensions politiques entre le Conseil suprême des forces armées (CSFA) et des forces politiques qui demandent le transfert du pouvoir à un gouvernement civil. Le CSFA a décidé vendredi du déroulement du scrutin sur deux jours au lieu d'une seule journée pour toutes les étapes, suscitant ainsi les craintes des candidats et forces politiques sur la sécurisation des urnes durant le temps qui s'écoule entre la fin de la première journée et le début du deuxième jour du scrutin. Selon le calendrier de ces législatives, premières du genre depuis la chute en février du président Hosni Moubarak, le premier tour du scrutin se tiendra lundi et mardi dans les provinces du Caire, d'Alexandrie, Fayoum, Port saïd, Damiette, Kafr el-Sheik, Assiout et la Mer rouge. Mamdouh Chahine, membre du CSFA a écarté samedi toute éventualité de reporter le vote au Caire et à Alexandrie en raison de la poursuite des manifestations. Les candidatures aux élections en Egypte ont débuté le 12 octobre et duré jusqu'au 24 du même mois. Une période marquée par des craintes d'infiltration de candidats de l'ancien régime parmi les listes du nouveau Parlement. Ainsi, le CSFA a promulgué une loi interdisant aux dirigeants du parti dissous de participer aux assemblées élues ou d'occuper des postes clés au gouvernement dans un souci d'apaiser la situation suite au déclenchement des évènements sur la place Tahrir qui se poursuivent dimanche pour le neuvième jour consécutif. Les retombées sécuritaires et politiques de ces manifestations dont la principale revendication est le transfert du pouvoir à un gouvernement civil et la poursuite en justice des responsables de la mort de manifestants, ont éclipsé cet évènement politique phare que devaient constituer ces élections législatives, une première en Egypte après la révolution du 25 janvier. La priorité de la rue égyptienne est désormais orientée vers les moyens de mettre fin aux violences et aux affrontements entre la police et les manifestants qui ont fait 42 morts et des centaines de blessés, dans la nuit de samedi à dimanche. Cette priorité est également orientée vers la polémique suscitée autour de la désignation de Kamal El-Ganzouri comme nouveau Premier ministre et la réponse des manifestants de la place Tahrir réclamant Mohamed El Baradei président d'un gouvernement "parallèle". Concernant les prochaines échéances, la rue est de son coté divisée entre partisans des protestations (libéraux, gauche et coalition de jeunes) demandant le report des élections jusqu'au retour de la sécurité et partisans du courant islamique favori de ces législatives qui rejettent le report estimant que cela aggraverait la situation. Le CSFA qui gère les affaires courantes du pays depuis février dernier a assuré à plusieurs reprises que le scrutin se tiendrait à la date prévue conformément à la feuille de route et au calendrier fixé. De son coté, le général Mamdouh Chahine, membre du CSFA a déclaré samedi à la chaîne de télévision "El Hayat" que 90% du peuple égyptien soutenait la politique du conseil. Privés du droit de vote sous le régime d'Hosni Moubarak, les Egyptiens résidant à l'étranger continuent à voter dimanche pour la cinquième et dernière journée, et ce en vertu du décret de loi promulgué récemment par le conseil militaire. L'Assemblée du peuple sera composée de 498 membres élus pour un mandat de cinq ans.