Pour commencer, il est important de préciser que ces éclaircissements viennent en réponse à un certain écrit paru dernièrement sur une tribune médiatique nationale, tout en étant également, une réponse destinée aux relais francophiles d'hier et d'aujourd'hui, ainsi que d'ici et d'ailleurs, qui devait leur être adressée bien avant cette date, seulement, l'importance de l'élection présidentielle anticipée que notre pays a connue et bien organisée le 7 septembre 2024, nous a incités à en différer la publication, en respectant l'adage qui dit «il n'est jamais trop tard pour bien faire» .... En renouant donc avec l'objet de la présente réponse, il est primordial de bien mentionner à ces relais atteints de francophilie et de colonisabilité, que la voie du renouveau national entreprise depuis 2019 dans le sillage de l'édification de la nouvelle Algérie, a permis au pays de consolider la pratique démocratique, d'enclencher une dynamique de développement et de diversification de l'économie nationale, tout en se redéployant diplomatiquement sur la base d'une approche proactive. Par ailleurs, l'Algérie a connu, tout au long de la phase qui a suivi l'élection présidentielle de décembre 2019, un certain nombre d'évènements importants, dont le plus marquant était lié à l'organisation du référendum sur la révision constitutionnelle, un évènement organisé le 1er novembre 2020, une date hautement symbolique pour le peuple algérien. Le choix du 1er novembre pour la tenue du référendum sur la révision constitutionnelle n'était pas fortuit, mais découlait de la ferme conviction du président de la République, que le peuple algérien maintient un lien historique et patriotique fort avec le mois de novembre, en raison de son importance historique et son grand symbolisme. Même si certains cercles francophiles d'ici et d'ailleurs disent «qu'une époque tire à sa fin...et un cycle se referme...», en parlant de l'époque coloniale et de la génération anticoloniale. À ceux-là, nous commencerons par leur dire que les historiens soucieux de respecter la rigueur intellectuelle et morale, ne pourront jamais garder la tête froide face aux crimes terribles, face à la torture, face à la barbarie que la colonisation française a pratiquée en Algérie de 1830 à 1962. Culpabilité intergénérationnelle La colonisation est un acte de domination et de non-reconnaissance de l'indépendance d'un peuple. Son essence est la négation absolue de l'Autre. À cet égard, dénoncer le crime colonial sans cesse n'est pas dû à la «rigueur envahissante des émotions», comme peuvent le penser celles ou ceux qui sont atteints de colonisabilité. Bien au contraire, cela relève d'un devoir de mémoire à l'égard des chouhada qui se sont sacrifiés pour la Patrie Algérie et d'une responsabilité de faire connaître la vérité historique aux générations postindépendance d'ici et d'ailleurs. Cependant, il est utile de faire appel à l'Histoire pour se remémorer plus d'un siècle de colonisation sauvage et barbare menée contre le peuple algérien. À ce titre, la certitude temporelle n'effacera guère le sentiment de culpabilité intergénérationnelle liée organiquement et intellectuellement à la France coloniale. L'imaginaire collectif de la nation française sera à jamais attaché au poids de l'histoire coloniale et sera porté indéfiniment sur les épaules des générations qui se succèderont, n'en déplaise aux milieux nostalgiques, aux néocolonialistes et ceux qui se nourrissent à ce jour de la francophilie succédant ainsi aux harkis d'hier... En toute sérénité et conviction, nous leur disons que la génération de novembre qui a eu à combattre sans relâche l'entreprise colonialiste, même si quantitativement il n'en reste pas beaucoup, la portée de son combat anticolonial et la profondeur des sacrifices consentis constituent certainement et éternellement, un héritage symbolique d'une valeur inestimable, se transmettant de génération en génération, notamment envers notre jeunesse qui demeure fière de ce legs imprescriptible. En effet, le colonialisme n'est pas une fiction mais une réalité criminelle. C'est un «crime contre l'humanité». Les crimes, les atrocités en relation avec le colonialisme, ont été innombrables, mais il n'est jamais vain de réclamer justice pour des actes commis depuis longtemps, car ils sont imprescriptibles. Pour bonne mémoire, la loi Taubira-Ayrault, votée à l'unanimité des deux chambres du Parlement français en 2001, a décrété «crime contre l'humanité» la déportation des esclaves noirs africains par des Européens du milieu du XVe siècle jusqu'au milieu du XIXe. En revenant à la colonisation française de l'Algérie, elle n'a jamais été fondée sur l'esclavage certes, cependant, en adoptant un raisonnement analogique, on pourrait dire que la déportation d'Algériens vers les territoires d'outre-mer, ainsi que les déplacements forcés des populations à l'intérieur du territoire algérien sous domination coloniale, les enfumades et j'en passe, sont des faits qui ne sont pas loin de l'essence de cette loi, par conséquent, ils sont donc tout à fait condamnables avec la même vigueur avec laquelle a été condamnée la déportation des esclaves noirs africains. Nouvelle République À ce titre, nous ne cesserons jamais de rendre hommage au président de la République, Abdelmadjid Tebboune qui a approuvé l'officialisation du 8 mai de chaque année, comme Journée nationale de la mémoire, pour raviver la mémoire nationale et commémorer les massacres du 8 mai 1945. Cela contribue sans aucun doute à préserver la mémoire nationale, qui est la soupape de sécurité de notre unité nationale. En outre, le choix souverain de préserver la mémoire est également fait pour étendre les passerelles de communion entre la génération de novembre et les nouvelles générations constituées de femmes algériennes et d'hommes algériens qui aspirent à édifier une nouvelle République dans laquelle la dignité des citoyennes et des citoyens est préservée, tout comme prévalent principalement la justice et la loi. Cette fidélité à notre révolution et notre histoire en général n'a pas empêché le pays de subir une transformation radicale, incarnant le changement et l'avancée vers la nouvelle République. La dynamique de rénovation de la gouvernance politique et économique vise à construire un Etat pour tous, à réorganiser les pouvoirs et à les séparer de manière équilibrée, en consolidant le principe d'indépendance de la justice, luttant contre la corruption sous toutes ses formes par la moralisation de la vie publique, limitant les mandats électoraux et régulant la question de la coexistence politique entre le président de la République et le chef du gouvernement en cas d'une majorité parlementaire opposée, en plus d'un contrôle strict de l'immunité parlementaire, ce qui constitue des garanties constitutionnelles tangibles que le pays se dirige effectivement vers un avenir politique meilleur. Cette dynamique fidèle à la doctrine de novembre révèle l'existence d'une réelle volonté politique de consacrer le changement des différents modes de gouvernance du pays et de persévérer sur la voie de la modernisation de notre économie, en consolidant les fondements de l'Etat de droit et de la justice sociale. Aussi, afin de perpétuer la culture de la reconnaissance, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a décidé d'instituer le 4 août, Journée nationale de l'Armée nationale populaire (ANP), en reconnaissance des efforts consentis par l'Armée nationale populaire digne et fière héritière de la glorieuse Armée de Libération nationale (ALN), pour défendre farouchement le pays et en guise de gratitude pour l'apport remarquable de l'institution militaire dans le processus d'édification nationale, de préservation de l'unité nationale et de la défense de la souveraineté nationale. Colonisation et décolonisation En tout état de cause, le devoir de mémoire, l'obligation de se rappeler les crimes du colonialisme, les condamner sans relâche et garder des liens forts avec notre histoire millénaire, n'empêchera pas l'Algérie de s'intégrer dans l'ère numérique et de s'engager souverainement sur la voie du développement multidimensionnel qu'elle connaît depuis son indépendance à ce jour. Aussi, en allant sur la voie de la nouvelle Algérie, on s'aperçoit qu'elle constitue une passerelle sans rupture entre la légitimité révolutionnaire et la légitimité démocratique, ce qui a facilité les changements opérés depuis 2019 sereinement et souverainement. Cela nous incite à souligner que «ressasser sans cesse la narration des épisodes de la colonisation et de la décolonisation», n'est ni illégitime ni illégal. Ressasser les crimes de la colonisation, c'est rappeler l'Histoire et l'assumer. Ressasser les hauts faits de la décolonisation menés durant la glorieuse révolution de novembre par une génération exceptionnelle, fascine et impressionne les nouvelles générations, contrairement à ceux qui disent que «cela n'a plus cours auprès de la jeunesse...». Enfin, nous conclurons cette halte d'un moudjahid témoin et acteur de la glorieuse révolution de novembre, en disant que la narration assumée de l'histoire contemporaine et millénaire de l'Algérie constitue un rejet total de toutes formes et symptômes de colonisabilité atteignant les nostalgiques de l'époque coloniale d'ici et d'ailleurs... Elle constitue également un socle référentiel pour les générations actuelles et futures en matière de patriotisme, de sacrifice et de loyauté envers le legs de nos martyrs. *Moudjahid, président du Conseil de la nation