ALGER - Les Ivoiriens votaient dimanche pour des élections législatives, un scrutin qui va permettre au pays d'amorcer un nouveau départ après la grave crise post-électorale de 2010-2011, mais sans la participation des partisans de l'ex-président déchu Laurent Gbagbo, qui ont décidé de boycotter. Quelque 5,7 millions d'électeurs inscrits sur les listes électorales doivent ainsi renouveler les membres de l'Assemblée nationale qui compte 255 députés. Au total, 1.160 candidats, dont 400 indépendants, sont en compétition dans 205 circonscriptions à travers le territoire ivoirien. Quelque 150 observateurs internationaux et 3.000 observateurs ivoiriens supervisent le déroulement des opérations de vote. La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) s'était déjà engagée à envoyer 60 observateurs "à la demande spéciale du gouvernement" ivoirien, selon l'organisation. Afin d'assurer la sécurité des électeurs, quelques 10.000 policiers, 10.000 gendarmes, et 5.000 militaires ivoiriens ont été mobilisés par les autorités à cet effet. En guise de soutien, l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) compte également déployer 7.000 Casques bleus, selon le commandant des troupes de la mission onusienne le général Gnacoudé Bérenna. Quelques heures après le début du vote, l'ONU a assuré qu'aucun incident n'a été signalé. De son côté, le chef d'état-major général des Forces républicaines, le général Soumaïla Bakayoko, a affirmé avoir "quadrillé le pays en 10 zones d'intervention", en plus de la création de différents postes de commandements. "La sécurité des élections législatives est globale. Le chef d'état-major général des armées invite tous les concitoyens à sortir massivement pour aller voter le dimanche 11 décembre", a déclaré son porte-parole, le colonel Moussa Chérif. Les hauts responsables militaires ont, en outre, décidé de verrouiller les frontières du pays, notamment celles de la région ouest, théâtre d'affrontements meurtriers durant la précédente crise électorale. La campagne électorale qui s'est achevée dans la nuit de vendredi à samedi, a été l'occasion pour les candidats et leurs partisans de présenter leurs programmes. La coalition soutenant le président Alassane Ouattara, regroupant notamment le Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel) et le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ancien président Henri Konan Bédié, pourraient sortir victorieuse de ces élections, en raison de l'absence de concurrents. Ces législatives, les premières depuis la crise électorales de 2010-2011, se déroulent sans la participation des partisans de l'ex-président déchu Laurent Gbagbo, âgé de 66 ans, transféré à la Cour pénale internationale (CPI, à La Haye) qui l'accuse de "crimes contre l'humanité". Les candidats, issus du parti de Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI), se sont retirés des élections, pour motif de "refus de la concession" de la part du pouvoir du président Alassane Ouattara "pour instaurer un pouvoir dictatorial". Les membres du FPI ont dénoncé le transfert de leur leader à la CPI, en qualifiant cet acte d'"hold-up politico-juridique" et ont appelé leurs sympathisants à "s'abstenir de tout acte de vote". Ils ont également annoncé leur retrait de tout "processus électoral". Dans leur fief à Yopougon, à Abidjan, le vote n'a pas encore commencé dans de nombreux centres, en raison de l'absence d'électeurs. L'absence du FPI risque de peser lourd sur la scène politique ivoirienne, et peut contrecarrer les plans du président Ouattara qui a fait de la réconciliation nationale son cheval de bataille. Les partisans de l'ancien chef d'Etat Gbagbo sont très présents dans plusieurs régions du pays, notamment dans la capitale économique Abidjan et sa périphérie, où des actes de violences se sont produits récemment faisant au moins trois morts. Le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro a appelé les différents partis politiques à mettre un terme à la violence et a condamné l'utilisation de militaires par certains candidats. Ces élections législatives doivent permettre à la Côte d'Ivoire de tourner la page de la grave crise post-électorale de 2010-2011 qui a fait quelque 3.000 morts.